Pourquoi et comment définir la raison d’être d’une entreprise ?

Pourquoi et comment définir la raison d’être d’une entreprise ?

Raison d’être d’une entreprise : Gros plan sur plusieurs mains empilées au centre d'une table, symbolisant la cohésion et le travail d’équipe, avec en arrière-plan un ordinateur portable, un carnet ouvert et des documents de travail comportant des graphiques colorés.

Sommaire

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La raison d’être d’une entreprise incarne une ambition sociétale forte : elle affirme que sa mission dépasse désormais la simple logique de profit. Depuis la loi PACTE de 2019, cette notion prend une dimension juridique, offrant aux entreprises la possibilité d’inscrire leur raison d’être dans leurs statuts.

Définir sa raison d’être, c’est aligner ses actions avec ses valeurs et mobiliser ses parties prenantes autour d’un projet porteur de sens. Dans cet article, découvrez tout ce qu’il faut savoir pour élaborer la raison d’être d’une entreprise.

Qu’est-ce que la raison d’être d’une entreprise ?

En 2021, 73% des entreprises du CAC 40 ont adopté une raison d’être, contre 12% en 2019.

Source : Boston Consulting Group

Définition de la raison d’être d’une entreprise

La raison d’être d’une entreprise prend la forme d’une phrase ou d’un court paragraphe qui exprime la contribution positive qu’elle souhaite apporter à la société.

Ancrée dans une démarche d’actions RSE concrète, elle traduit les ambitions extra-financières de l’entreprise en engagements clairs sur des enjeux environnementaux, sociaux ou territoriaux, tout en orientant sa stratégie à long terme.

🙌 Bon à savoir

La raison d’être, pour être crédible, ne doit jamais être une formule générique, ni un exercice de style marketing. Elle exige un vrai travail d’introspection, de dialogue avec les parties prenantes et une cohérence avec les actes de l’entreprise.

Prenons quelques exemples concrets d’entreprises qui ont su traduire leur vision en une raison d’être claire et porteuse de sens :

  • Carrefour a défini sa raison d’être comme « la transition alimentaire pour tous » : une volonté assumée de rendre une alimentation plus saine, plus locale et plus durable accessible à toutes les couches de la population.
  • Danone affirme contribuer à « la santé par l’alimentation au plus grand nombre » en promouvant une alimentation plus durable, synonyme de souveraineté alimentaire.
  • Orange met en avant sa volonté de construire « un numérique responsable », alignant ainsi sa stratégie technologique avec des préoccupations environnementales et sociales.


Attention ! La raison d’être est parfois critiquée, car elle peut être utilisée par des entreprises pour faire du « purpose washing », version RSE du greenwashing.


En effet, pour se donner une meilleure image aux yeux de ses clients ou de ses partenaires, certaines entreprises n’hésitent pas à l’ériger en slogan marketing pour gagner en crédibilité.


En résumé, la raison d’être ne doit pas être une vitrine, mais une colonne vertébrale : elle doit inspirer, fédérer et orienter. Elle ne dit pas seulement ce que fait l’entreprise, mais surtout pourquoi elle le fait, et au service de quoi.

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La loi PACTE : cadre légal de la raison d’être

La notion de raison d’être a été institutionnalisée en droit français grâce à la loi PACTE, promulguée en mai 2019. Ce Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises, marque un tournant dans la façon dont l’entreprise est définie juridiquement.


Historiquement, le Code civil stipulait que l’objet de l’entreprise était de générer du profit pour ses associés. La loi PACTE est venue élargir cette définition en intégrant officiellement la possibilité pour une entreprise de se fixer une finalité qui dépasse la rentabilité.


Plus précisément, l’article 1835 du Code civil a été modifié pour permettre aux entreprises d’inscrire une « raison d’être » dans leurs statuts.

🙌 Définition

La loi PACTE définit la raison d’être comme « les principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité ».



Il est important de noter que l’inscription d’une raison d’être dans les statuts reste entièrement facultative. Elle repose donc sur la volonté des dirigeants. À ce jour, seules quelques centaines d’entreprises françaises ont franchi ce pas.

🙌 Remarque

Pour aller plus loin dans l’engagement RSE, la loi PACTE introduit la possibilité pour les entreprises d’adopter un statut d’« entreprise à mission ».

Pourquoi définir la raison d’être d’une entreprise ?


À l’heure où les modèles économiques classiques montrent leurs limites et où les attentes des citoyens, salariés, investisseurs et pouvoirs publics évoluent à grande vitesse, définir la raison d’être de votre entreprise n’est plus un simple luxe intellectuel.

C’est une nécessité stratégique.

En effet, l’inscription de la raison d’être d’une entreprise dans ses statuts permet de :

  1. Donner du sens pour mobiliser les équipes
  2. Aligner stratégie commerciale et démarche RSE
  3. Se différencier sur un marché saturé
  4. Attirer et retenir les talents
  5. Favoriser l’accès au financement durable

1. Donner du sens pour mobiliser les équipes

Les entreprises qui réussissent à formuler et incarner une raison d’être forte observent un effet immédiat : l’engagement des collaborateurs s’en trouve renforcé. Quand une équipe comprend le « pourquoi » derrière ses actions, elle travaille avec plus de conviction, de motivation et de cohérence au sein d’un projet collectif qui fait sens.

73 % des salariés d’entreprises engagées autour d’une raison d’être se déclarent plus loyaux et motivés que la moyenne.

Source : Deloitte – Purpose under pressure, 2021

2. Aligner stratégie commerciale et RSE

Définir une raison d’être permet de mieux articuler votre stratégie RSE avec votre cœur de métier. Trop souvent, les engagements environnementaux et sociaux sont limités à des actions périphériques ou symboliques.

En identifiant ce qui anime votre société, vous créez un fil conducteur entre votre stratégie d’impact et vos objectifs économiques. Cela permet de prioriser, d’arbitrer et d’agir avec cohérence.

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3. Se différencier sur un marché saturé

Dans un contexte de forte concurrence, les entreprises qui savent pourquoi elles existent se démarquent naturellement. Leur communication est plus percutante, leur positionnement plus lisible, leur image de marque plus authentique.

La raison d’être agit comme un vecteur de différenciation, car elle ne repose pas uniquement sur le produit, le prix ou le service, mais sur une intention et une vision du monde.

4. Attirer et retenir les talents

« 7 jeunes sur 10 déclarent que c’est important ou primordial que leur travail ou leur entreprise soit utile pour la société »

Observatoire Sociétal des Entreprises / Juin 2024

Comme l’indique l’étude ci-dessus, les nouvelles générations veulent donner du sens à leur travail, contribuer à un projet qui dépasse leur mission quotidienne. Elles ne choisissent plus leur employeur uniquement pour le salaire ou le prestige du poste.

Une raison d’être bien formulée et incarnée devient alors un atout considérable pour attirer des profils engagés et fidéliser vos collaborateurs dans la durée.

5. Favoriser l’accès au financement durable

Les investisseurs institutionnels, les banques et les fonds à impact scrutent désormais les engagements sociaux et environnementaux des entreprises.

Une raison d’être solide, intégrée à la stratégie globale, peut faciliter l’accès à des financements verts ou à des dispositifs publics, notamment pour des projets innovants ou à visée durable. C’est un critère de plus en plus pris en compte dans l’évaluation de la solidité d’un projet.

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6 étapes pour définir la raison d’être d’une entreprise

Dans cette partie, nous vous détaillons les 6 étapes principales pour définir la raison d’être de votre entreprise.

1. Analyse du secteur et prise en compte des collaborateurs

Définir une raison d’être solide ne se fait pas sur un coin de table. Cela exige un diagnostic sectoriel rigoureux et un dialogue ouvert avec toutes les parties prenantes.

Commencez par interroger votre environnement :

  • Quels sont les grands défis sociétaux et environnementaux que traverse votre secteur ?
  • Quelles pressions réglementaires, quelles attentes des consommateurs ou quelles transformations technologiques viennent bouleverser votre activité ?
  • Où se situent les zones d’impact direct de votre entreprise sur son écosystème ?


Par exemple, une entreprise du numérique comme un éditeur de logiciels devra interroger ses pratiques de sobriété, de green it, d’accessibilité, ou encore la pollution générée par ses data centers.


En parallèle, sondez les collaborateurs : ce sont eux qui, au quotidien, portent les valeurs, les tensions, et les convictions de l’entreprise. Vous pouvez mener des entretiens, des ateliers participatifs, des enquêtes anonymes ou des séances de co-construction.

🙌 Remarque

L’objectif est de croiser trois regards :

– la vision des dirigeants,
– les attentes des salariés,
– les défis du monde extérieur.


Enfin, il peut être utile de mener une analyse concurrentielle : comment les acteurs de votre secteur formulent-ils leur raison d’être (si tant est qu’ils en aient une) ?

2. Trouver le « why » ou le « pourquoi » de son entreprise


Une fois le diagnostic sectoriel posé et les parties prenantes écoutées, vient une étape aussi essentielle que délicate : mettre des mots sur le « pourquoi » fondamental de votre entreprise.

Ce fameux « why » — popularisé par Simon Sinek dans son désormais célèbre Golden Circle — se formule en répondant à une question simple :

Pourquoi notre entreprise existe-t-elle, au fond ?

Pas « pour faire du chiffre », ni « pour être leader sur notre marché ». Mais bien :

  • Que cherchons-nous à changer ?
  • Quelle problématique de société contribuons-nous à résoudre ?
  • Quelle trace voulons-nous laisser ?

C’est ici que se joue la sincérité de votre démarche. Trop souvent, les entreprises cherchent à « coller à la tendance », à produire une belle formule… sans se demander si elle résonne véritablement avec leur réalité.


Un bon « why » est clair, simple et inspirant. Il ne parle pas de vous : il parle de ce à quoi vous contribuez.

🙌 Exemples

Voici quelques formulations de raison d’être d’entreprises qui s’appuient sur un « why » puissant.

  • Patagonia : « We’re in business to save our home planet. »
  • MAIF : « Favoriser une société collaborative, solidaire et responsable. »
  • Camif : « Changer le monde de l’intérieur. »

3. Trouver l’équilibre entre raison d’être et performance économique

Définir une raison d’être est un acte stratégique, à la croisée de trois dimensions fondamentales, comme l’ont démontré les travaux de Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, deux chercheurs qui ont fortement influencé l’introduction de la raison d’être dans le droit français :

1. Une intention stratégique claire

La raison d’être doit être portée par la direction comme une orientation assumée. Il s’agit de définir ce que l’entreprise veut transformer dans la société et comment cela s’intègre à sa trajectoire de développement.

2. Une prise en compte des actifs et compétences stratégiques

Elle doit s’appuyer sur ce que vous savez faire de mieux. Vos expertises, vos savoir-faire, vos technologies, vos ressources humaines sont autant de leviers à mobiliser pour que la raison d’être ne reste pas une utopie.

3. Un dialogue ouvert avec les parties prenantes

Aucune raison d’être ne peut s’incarner sans l’adhésion des salariés, des partenaires, voire des clients. Il est crucial de travailler aux “frontières de l’entreprise”, là où s’échangent idées, critiques et attentes.

Ce triptyque — intention, actifs, parties prenantes — permet de garder le cap et d’éviter deux extrêmes fréquents :

  • une raison d’être trop “idéale”, déconnectée des moyens concrets de l’entreprise ;
  • ou, à l’inverse, une raison d’être trop “tiède”, vidée de toute portée sociétale, simplement calée sur l’existant.

Shéma représentant les trois dimensions de la raison d’être d’une entreprise
Shéma représentant les trois dimensions de la raison d’être, source : BPI France – Le Lab

4. Formulez votre raison d’être

Après avoir clarifié votre « why », analysé vos enjeux et aligné votre ambition avec vos compétences et vos parties prenantes, vient l’étape tant attendue : la formulation de votre raison d’être.

Votre raison d’être doit tenir en une phrase claire, concise et mobilisatrice. En un coup d’œil, elle doit permettre à vos équipes, vos clients, vos partenaires – et même un parfait inconnu – de comprendre ce que vous servez au-delà de ce que vous vendez.

Voici quelques conseils pour bien la formuler :

  • Commencez par un verbe d’action, pour souligner le mouvement, l’engagement : “Agir pour…”, “Accompagner…”, “Contribuer à…”, “Faciliter…”
  • Soyez spécifique sans être restrictif : ne listez pas vos produits ou services, mais l’impact que vous souhaitez avoir.
  • Restez compréhensible : évitez le jargon managérial, les effets de style, ou les expressions vides de sens.

Une formulation réussie est une promesse. Pas une promesse publicitaire, mais une promesse d’utilité, de cohérence et de transformation, portée à chaque niveau de l’entreprise.

5. Faites vivre votre raison d’être au travers d’actions concrètes

Une fois votre raison d’être formulée, il s’agit de la faire vivre dans les faits, au quotidien, dans chaque recoin de l’entreprise.

Pour cela, la première étape consiste à bâtir une feuille de route stratégique qui décline votre raison d’être en objectifs, projets, indicateurs et gouvernance. Cela implique d’identifier des leviers d’action concrets : sur vos produits, vos processus, vos relations avec les parties prenantes ou encore votre politique RH.

Par exemple :

  • Si votre raison d’être parle de transition écologique, vos actions peuvent être la mise en place d’un diagnostic rse ou l’obtention de la certification ecovadis.
  • Si elle mentionne l’inclusion ou la solidarité, cela doit se traduire dans vos processus de recrutement, de gestion des carrières, et vos relations fournisseurs.



Ne négligez pas non plus la dimension managériale : il est indispensable d’accompagner les managers pour qu’ils comprennent et incarnent la raison d’être dans leurs pratiques quotidiennes.

🙌 En résumé

Faire vivre la raison d’être, c’est s’assurer qu’elle ne reste pas coincée dans un PowerPoint, mais qu’elle irrigue les décisions, les pratiques et la culture. C’est ce passage à l’action qui fait toute la différence.

6. Faites connaître votre raison d’être

Trop souvent, les entreprises formulent leur raison d’être avec soin… puis l’oublient dans un rapport annuel ou un onglet de leur site web.

C’est une erreur stratégique. Car la communication est un acte d’engagement, et non une opération de façade.

En interne : créer une culture alignée

Commencez par vos équipes. Ce sont elles les premières ambassadrices de votre raison d’être. Organisez des temps d’appropriation, intégrez-la dans vos rituels managériaux, vos entretiens annuels, vos parcours d’intégration, vos formations.

En externe : construire un positionnement différenciant

Une raison d’être sincère et active constitue un avantage concurrentiel durable. Elle clarifie ce qui vous rend unique, ce que vous défendez, et ce que l’on peut attendre de vous. Elle alimente votre storytelling, votre proposition de valeur, votre relation client.

Utilisez-la comme fil conducteur dans :

  • votre site internet,
  • vos présentations commerciales,
  • vos campagnes de communication,
  • vos appels d’offres ou dossiers d’investisseurs.

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