Les critères ESG (pour Environnement, Social, et Gouvernance), sont des indicateurs de performance extra-financières des organisations ou des entreprises.
Ils permettent d’évaluer l’impact d’une organisation sur des éléments qui sortent du cadre de la simple performance financière, et servent de grille d’évaluation à la démarche RSE des entreprises.
Dans cet article, nous étudierons les origines de ces critères, la manière dont ils impactent les entreprises, et surtout comment les intégrer à son entreprise en 2025.
Critères ESG : C’est quoi ?
Aux origines des critères ESG
Avant d’entrer dans les explications techniques, nous vous proposons un bref retour historique (qui a son importance !) sur les origines des critères ESG.
Tout commence en 1998, avec John Elkington, consultant britannique pionnier du développement durable.
Dans son ouvrage de référence, Cannibals with Forks: The Triple Bottom Line of 21st Century Business, il théorise une grille de lecture de la performance des entreprises : la triple bottom line, ou les « trois P », pour :
- People
- Planet
- Profit
Selon lui, pour qu’une entreprise soit réellement durable, elle doit générer du profit, mais sans nuire aux personnes ni à la planète. Cette approche rompt avec la vision comptable classique centrée sur le seul bénéfice économique.
Le concept fait rapidement son bout de chemin et fait émerger l’idée d’outiller l’analyse des risques et opportunités extra-financiers, jusque-là peu visibles sur les bilans comptables.
C’est dans ce contexte qu’apparaît au début des années 2000 la notion de critères ESG, pour Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (directement inspirée des 3 P de ce bon vieux John !).
🙌 Remarque
Si la triple bottom line posait un cadre philosophique, les critères ESG apportent un cadre d’évaluation désormais très concret.
Définition des critères ESG
La définition des critères ESG proposée par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a le mérite d’être plutôt claire :
« Les critères ESG permettent d’évaluer un acteur économique en dehors des critères financiers habituels que sont la rentabilité, le prix de l’action et les perspectives de croissance. »
AMF – Glossaire de la finance durable
En d’autres termes, ces critères s’intéressent à la manière dont une entreprise :
- Protège l’environnement (gestion des ressources, émissions de CO₂, circularité…) ;
- Traite ses salariés et ses parties prenantes (diversité, conditions de travail, droits humains…) ;
- Est gouvernée (transparence, éthique, lutte contre la corruption…).
Les critères ESG, ne viennent pas s’opposer à la performance financière, mais la compléter. On parle alors d’analyse croisée ou d’évaluation à double matérialité :
🙌 Remarque
On constate souvent une confusion entre RSE et ESG : voici en quelques mots leurs différences :
- La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est une démarche volontaire et globale, initiée par l’entreprise pour intégrer des enjeux éthiques, sociaux et environnementaux dans son fonctionnement.
- L’ESG, lui, est une grille d’analyse externe et structurée, utilisée pour évaluer objectivement cette démarche.
Comment est mesuré le score ESG ?
Des scores ESG sont attribués aux entreprises, sur la base d’analyses poussées réalisées par des agences spécialisées sur la base des trois critères.
Parmi les plus connues à l’international, on retrouve :
- MSCI ESG Ratings
- ISS ESG
- Sustainalytics (Morningstar)
- EcoVadis (souvent utilisée par les PME et ETI en France)
Ces agences analysent les entreprises à partir d’une combinaison de données publiques (rapports annuels, politiques internes, indicateurs RSE, communiqués…) et parfois de questionnaires envoyés directement aux entreprises.
⚠️ Attention !
Chaque agence dispose de sa propre méthodologie. Une même entreprise peut donc avoir des scores ESG différents selon l’évaluateur.
Une fois l’analyse réalisée, l’agence attribue une note globale (souvent appelée score ESG). Par exemple, MSCI classe les entreprises de CCC à AAA, là où d’autres optent pour des notes sur 100 (comme EcoVadis), ou des étoiles.

Nous vous conseillons de garder en tête que le score obtenu n’est qu’un outil. Ce qui compte, c’est la cohérence entre votre stratégie, vos actions, et votre capacité à démontrer vos progrès.
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Les trois critères ESG à la loupe
Dans cette partie, nous vous proposons un zoom sur chacun des trois critères ESG :
- Environnemental
- Social
- Gouvernance
Critère environnemental
Le pilier environnemental est souvent celui auquel on pense en premier.
Il examine l’impact direct ou indirect d’une entreprise sur l’environnement. Cela concerne (entre autres) :
- Sa consommation de ressources naturelles (énergie, eau, matières premières),
- Ses émissions de gaz à effet de serre (GES),
- Sa production de déchets et sa capacité à les gérer,
- Sa pollution (de l’air, des sols, de l’eau),
Il s’agit donc d’une évaluation globale de l’empreinte écologique de l’entreprise, à travers ses processus internes, mais aussi ses produits, ses chaînes d’approvisionnement et ses partenaires.
92% des émissions liées à une entreprise proviennent de sa chaîne de valeur (scope 3).
Etude du CDP (Carbon Disclosure Project)
Pour évaluer les impacts, il est recommandé de suivre certains indicateurs clés :
- le bilan carbone (émissions directes, indirectes et scope 3),
- la part d’énergies renouvelables dans la consommation totale,
- les politiques de recyclage ou de gestion des déchets,
- la présence d’un plan de réduction des impacts environnementaux,
- l’existence d’une politique environnementale formalisée (ISO 14001, EMAS, etc.),
- les investissements dans l’éco-conception ou l’économie circulaire
Chez Consultis Environnement, nous accompagnons les organisations de toutes tailles à travers des bilans carbone, analyses de cycle de vie (ACV) et formations pour structurer efficacement leur stratégie environnementale.
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Critère social
Moins évident dans l’imaginaire collectif que le critère environnemental, l’aspect social des critères ESG n’en est pas moins fondamental.
Il analyse les conséquences directes ou indirectes des activités d’une organisation sur ses parties prenantes internes et externes :
- Ses salariés,
- Ses sous-traitants et partenaires,
- Ses clients,
- Et les communautés locales dans lesquelles elle opère.
Pour l’étudier, on peut se baser sur des référentiels tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme ou les normes internationales du travail (OIT).
🙌 A noter
En matière de critères ESG, le pilier social est souvent celui où les dissonances entre discours et pratiques sont les plus flagrantes : promesse d’égalité sans parité réelle, politique RH moderne mais turn-over élevé, etc…
Voici quelques axes clés d’évaluation du critère social :
- Respect des droits fondamentaux des travailleurs
- Conditions de travail : sécurité, santé, ergonomie, charge de travail ;
- Équité salariale, politiques de rémunération et avantages sociaux ;
- Développement des compétences : formation continue, mobilité interne, montée en compétences ;
- Inclusion et diversité : parité, emploi des personnes en situation de handicap, non-discrimination ;
90% des dirigeants et dirigeantes estiment que les enjeux sociaux et environnementaux sont incontournables pour les entreprises.
Etude BVA Xsight 2024
Critère gouvernance
Le critère de gouvernance est le troisième pilier de l’évaluation ESG. Il s’attache à mesurer la manière dont une entreprise prend ses décisions, se structure et rend des comptes.
Une gouvernance saine, c’est d’abord une organisation du pouvoir équilibrée, transparente et responsable. Dans le cadre des critères ESG, le pilier G examine donc des éléments tels que :
- La composition et l’indépendance du conseil d’administration ;
- La transparence sur la rémunération des dirigeants ;
- L’existence de comités spécialisés (audit, éthique, climat…) ;
- Les politiques anti-corruption et de lanceurs d’alerte ;
- La publication d’informations fiables, accessibles et complètes ;
C’est bien le pilier gouvernance qui garantit que les engagements environnementaux et sociaux sont suivis, financés, évalués, et corrigés si besoin.
Voici quelques actions à mener (peu importe la taille de votre entreprise !) pour structurer votre gouvernance :
- la rédaction d’une charte éthique,
- l’instauration d’un comité RSE ou d’un comité climat,
- la mise en place d’indicateurs de pilotage ESG,
- l’implication régulière des parties prenantes dans les décisions clés.
Chez Consultis Environnement, nous accompagnons les entreprises dans la formalisation de leur gouvernance RSE.
Comment intégrer les critères ESG à sa stratégie RSE ?
Les critères ESG constituent en quelque sorte une grille externe pour évaluer l’efficacité d’une démarche RSE.
Ils jouent un rôle majeur pour tout type d’entreprise, dans les choix d’investissements durables, mais aussi en termes de partenariats.
Des enjeux différenciés selon la taille de l’entreprise
L’ESG devient un passage obligé pour toutes les structures, qu’elles soient cotées, sous-traitantes, ou simplement concernées par leur responsabilité sociétale.
Pour les petites entreprises, l’enjeu est l’anticipation
Aujourd’hui, les TPE, PME et jeunes entreprises (on francise le mot start-up !) ne sont pas encore soumises à des obligations formelles de reporting ESG. Mais cela ne durera pas :
- La directive CSRD va progressivement étendre ses exigences à certaines ETI d’ici 2026, voire à des PME cotées ou sous-traitantes dès 2027 ;
- La SNBC (Stratégie nationale bas-carbone) fixe des objectifs collectifs de décarbonation à l’horizon 2030-2050, qui se traduiront tôt ou tard par des obligations sectorielles ou contractuelles ;
L’enjeu n’est pas d’être exemplaire tout de suite, mais d’entrer dans une dynamique de progression et de poser les bases d’un pilotage durable.
Pour les grandes entreprises, l’ESG devient un pilier stratégique
À l’inverse, pour les grandes entreprises, notamment celles soumises à la CSRD, les critères ESG ne sont plus une option, mais un axe structurant de la stratégie d’entreprise.
Elles doivent par exemple :
- Produire un reporting ESG annuel conforme aux normes ESRS,
- Faire auditer leurs données extra-financières par un organisme tiers,
- Assurer une cohérence entre la stratégie globale et les enjeux de durabilité,
- Intégrer l’ESG dans la gouvernance, le pilotage des risques, la gestion des talents, les achats, l’innovation…
Autrement dit, pour ces structures, l’ESG est un levier de transformation organisationnelle à part entière.
Choix des investissements durables grâce aux critères ESG
Les investissements durables représentent aujourd’hui le nerf de la guerre des décisions stratégiques.
En effet, pour de nombreuses entreprises, l’investissement devient indissociable de l’impact. Les critères ESG jouent ici un rôle de boussole pour sécuriser, prioriser et crédibiliser ces choix d’investissement.
❓ Le saviez-vous ?
Les investissements durables ne sont pas nécessairement moins rentables. En réalité, ils peuvent se révéler plus résilients, mieux alignés avec les attentes futures du marché, et porteurs d’un avantage concurrentiel différenciant.
C’est là que les critères ESG permettent justement d’évaluer :
- Si un investissement génère un impact environnemental ou social positif ;
- S’il respecte une gouvernance éthique et responsable ;
- S’il contribue à réduire les risques à moyen et long terme (réglementaires, réputationnels, opérationnels).
Cela permet à l’entreprise d’orienter son capital vers des projets pérennes, plus adaptés aux défis de demain et souvent mieux perçus par les financeurs, clients et parties prenantes.
🙌 Exemples
- Une PME industrielle peut décider d’investir dans un système de récupération d’énergie thermique ou dans un outil d’éco-conception de ses produits. L’investissement aura certes un coût initial, mais générera une réduction mesurable de son impact carbone et parfois même des économies à moyen terme.
- Une entreprise de services peut financer la formation continue de ses salariés sur les enjeux de sobriété numérique ou de diversité, ce qui améliore à la fois son score ESG et sa qualité de vie au travail.
Choix des partenaires grâce aux critères ESG
Les impacts sociaux, environnementaux ou éthiques d’une entreprise ne s’arrêtent pas à ses murs.
Aujourd’hui, ce qui se passe chez vos fournisseurs, vos sous-traitants ou vos prestataires rejaillit sur votre image, votre notation ESG, et parfois même votre responsabilité juridique.
Cette évolution est renforcée par un cadre réglementaire de plus en plus strict :
- En France, la loi sur le devoir de vigilance impose déjà à certaines grandes entreprises de cartographier et prévenir les risques ESG liés à leurs partenaires ;
- À l’échelle européenne, le projet de directive CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) va étendre ces obligations à de nombreuses structures, y compris en remontant les chaînes de sous-traitance.
Mais au-delà de la loi, c’est aussi une exigence de marché. De nombreuses organisations intègrent déjà dans leurs appels d’offres :
- des clauses ESG (éthique, conditions sociales, empreinte carbone),
- des critères d’exclusion (non-respect des droits humains, fournisseurs non transparents),
- ou des systèmes de notation fournisseurs (ex : EcoVadis).


