L’écologie industrielle, socle de l’économie circulaire en entreprise

L’écologie industrielle, socle de l’économie circulaire en entreprise

ecologie industrielle : image d'une cheminée d'usine crachant des volutes de fumée blanche

Sommaire

Adoptez les meilleures pratiques en entreprise avec Consultis Environnement

En 2025, les objectifs de l’Accord de Paris, dont notamment le maintien de l’augmentation de la température moyenne mondiale sous les 2°C d’ici 2050 par rapport à la période préindustrielle, semblent de plus en plus difficiles à atteindre.

L’industrie, en tant que secteur fortement émetteur (avec 17% des émissions nationales d’après le Ministère de l’Environnement !) a son rôle à jouer et doit adapter ses pratiques pour les rendre plus vertueuses et en diminuer les externalités négatives.

Le concept d’écologie industrielle donne lieu à des initiatives concrètes de la part des entreprises et des acteurs publics qui redonne espoir à la filière dans sa capacité à réduire ses émissions et à contribuer à l’effort collectif.

Définition, enjeux, mise en pratique et avantages, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur l’écologie industrielle dans la suite de cet article !

Qu’est-ce que l’écologie industrielle

Ecologie industrielle : définition

L’écologie industrielle peut être définie comme un ensemble de pratiques s’intégrant à un système environnemental et qui applique aux activités humaines, et en particulier aux industries, les principes de fonctionnement des écosystèmes naturels.

En d’autres termes, l’écologie industrielle vise à concevoir et organiser les systèmes de production pour qu’ils fonctionnent en boucle fermée. En ce sens, elle cherche à limiter au maximum les pertes et à transformer les déchets ou rejets d’une organisation en ressources pour une autre.

En s’inspirant des mécanismes du vivant, l’écologie industrielle invite les entreprises à passer d’un modèle linéaire – extraire, produire, consommer, jeter – à un modèle circulaire, où chaque flux est optimisé et valorisé. C’est ce changement de paradigme qui fait de l’écologie industrielle un véritable socle de l’économie circulaire.

Source : ADEME

Plus concrètement, l’écologie industrielle a pour but de réduire les pressions environnementales générées par les activités industrielles, prenant la forme :

  • D’émissions de gaz à effet de serre
  • De consommation énergétique
  • De prélèvements de ressources naturelles
  • Ou encore de production de déchets

L’écologie industrielle propose aussi une nouvelle manière de penser l’économie, où les interactions entre acteurs permettent d’accroître la résilience collective et de diminuer la dépendance aux ressources vierges.

L’écologie industrielle poursuit un double objectif  

L’ambition de l’écologie industrielle est double :

  • Réduire durablement l’empreinte écologique des activités humaines, notamment dans les secteurs à forte intensité énergétique ou matérielle ;
  • Créer de la valeur partagée, en réutilisant localement les flux de matières, d’énergie ou d’eau et en encourageant la coopération entre organisations d’un même territoire.

🙌 A noter

L’écologie industrielle ne se résume pas à un ensemble de processus à visée environnementale, mais constitue également une démarche économique. En effet, elle génère des économies pour les entreprises, renforce leur attractivité territoriale et peut aussi contribuer à la compétitivité locale.

La bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt : exemple d’écologie industrielle en France 

Située dans la Marne près de Reims, la bioraffinerie de Bazancourt-Pomacle est souvent citée comme l’une des plus avancées d’Europe en termes d’écologie industrielle.  

Sur ce site s’opère une « symbiose » industrielle entre une sucrerie, une distillerie, une bioraffinerie et d’autres acteurs locaux.

Les résidus de betteraves ou de blé issus de la sucrerie sont utilisés comme intrants pour produire de l’éthanol, des biomatériaux ou encore de l’énergie. Ce modèle repose sur une logique de boucle fermée : chaque flux est valorisé, réduisant à la fois les déchets et les émissions.

🔎 Autres exemples

Les exemples d’écologie industrielle en France ne manquent pas ! On peut notamment citer :

  • La valorisation de la chaleur fatale à Dunkerque
  • Le projet Biotop à La Rochelle
  • La coopération rurale dans la communauté de communes du Clunisois
  • Ou encore les ateliers collaboratifs inter-entreprises du Grand Poitiers

L’écologie industrielle s’inspire des écosystèmes naturels

« L’industrie doit fonctionner comme un écosystème » affirmaient déjà les deux scientifiques américains Frosch et Gallopoulos en 1989, posant les bases du courant d’écologie industrielle « 

Source : Géoconfluences

L’un des principes clés de l’écologie industrielle est sa propension à imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels !

Dans la nature, rien n’est gaspillé. Les rejets d’un organisme deviennent les ressources d’un autre, et l’équilibre global se maintient grâce à la circulation constante de l’énergie et des matières.

schéma du fonctionnement d'un ecosystème naturel, source d'inpiration de l'écologie industrielle
Le fonctionnement d’un écosystème naturel en image (source Freepik)

En appliquant ce principe au monde industriel, les entreprises sont invitées à repenser leurs processus pour que les flux de matières, d’eau et d’énergie circulent d’un acteur à l’autre.

L’analogie avec les écosystèmes naturel permet de concevoir des réseaux industriels qui fonctionnent comme des organismes vivants interconnectés (rien que ça !) où chaque ressource est utilisée au maximum de son potentiel.

Par exemple, une usine produisant un excédent de chaleur peut alimenter un réseau de chauffage urbain, ou encore une serre agricole grâce à ses rejets thermiques. Cette logique de valorisation énergétique illustre le mimétisme avec la nature, où l’énergie solaire, chimique ou thermique est recyclée sans cesse.

🙌 Exemple

La centrale électrique de Kalundborg au Danemark, souvent citée comme exemple de symbiose industrielle, fournit sa vapeur à une raffinerie, dont les sous-produits servent ensuite à une entreprise de matériaux de construction.

L’écologie industrielle et territoriale

Difficile d’écrire un article sur l’écologie industrielle sans évoquer son prolongement territorial : l’écologie industrielle et territoriale (EIT) !

Qu’est-ce que l’économie industrielle et territoriale ?

En 2023, près de 190 démarches d’écologie industrielle et territoriale étaient recensées en France, réparties sur l’ensemble des régions.

Source : ADEME

L’approche de l’EIT élargit la réflexion de l’écologie industrielle au-delà des limites des organisations pour y intégrer l’ensemble d’un territoire, souvent caractérisé par la présence d’un bassin industriel, d’activités économiques variées et d’acteurs publics.

En France, l’EIT a été consacrée par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV).

Cette loi vise à favoriser les démarches de coopération locale pour réduire l’empreinte environnementale des activités économiques. Depuis, l’EIT est devenue l’un des 7 piliers de l’économie circulaire, soutenue par l’ADEME et par le réseau national Synapse, qui fédère les initiatives et mutualise les retours d’expérience.

Le but de l’EIT : Faire émerger des synergies locales

La réussite d’une démarche d’EIT repose sur un principe clé : faire communiquer et coopérer des acteurs très différents entre eux (industries, PME, collectivités, associations, monde agricole, citoyens).

Ces échanges permettent de créer des synergies locales qui peuvent généralement prendre deux formes distinctes :

  • La synergie de substitution : L’idée est de valoriser les flux sortants émis par un acteur (déchets, chaleur fatale, eaux usées, co-produits agricoles, boues industrielles…) pour qu’ils deviennent les intrants d’un autre. Exemple : utiliser les résidus de céréales d’une sucrerie pour alimenter une distillerie voisine.
  • La synergie de mutualisation : ici, plusieurs organisations décident de partager des moyens ou services communs (gestion collective des déchets, achats groupés de matières premières, plateformes logistiques partagées, covoiturage inter-entreprises etc…)

Quels bénéfices pour les territoires ?

Grâce à la mise en place d’une EIT volontariste, un territoire peut :

  • réduire ses émissions de CO₂ et sa production de déchets ;
  • créer des économies locales grâce aux synergies ;
  • renforcer l’ancrage économique et social en développant des emplois non délocalisables ;
  • améliorer son attractivité et son image auprès des entreprises et des habitants.

Les 2 principes clés de l’écologie industrielle

L’écologie industrielle repose sur deux grands principes :

  1. Favoriser l’économie circulaire
  2. Mettre en pratique les ambitions RSE et développement durable à l’échelle des organisations et des territoires

1. Favoriser l’économie circulaire

L’écologie industrielle est intimement liée à l’économie circulaire, dont elle constitue l’une des applications les plus tangibles. La notion d’économie circulaire repose sur un principe simple : transformer ce qui est perçu comme un déchet en une ressource :

  • Les flux de matières résiduelles, de chaleur, d’eau ou même de compétences peuvent être valorisés.
  • Les déchets deviennent de nouvelles matières premières, les effluents sont réutilisés dans d’autres process, et la chaleur fatale alimente des réseaux de chauffage urbain.
  • Cette logique permet de boucler la boucle des flux industriels et de limiter drastiquement le gaspillage.

schéma présentant les 7 piliers de l'économie circulaire, dont l'écologie industrielle fait partie
Les 7 piliers de l’économie circulaire

Chez Consultis Environnement, nous accompagnons et formons les organisations aux principes de l’économie circulaire sans prérequis initiaux.

2. Mettre en pratique les ambitions RSE et de développement durable 

Le second principe de l’écologie industrielle consiste à s’intégrer dans une démarche plus large d’actions RSE et de développement durable (les – désormais classiques – piliers environnementaux, sociaux et économiques) :

  • Sur le plan environnemental, l’écologie industrielle contribue directement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, à la préservation de la biodiversité et à une meilleure gestion des ressources.
  • Sur le plan social, elle favorise la coopération entre entreprises, crée des emplois locaux et développe un sentiment d’appartenance au territoire.
  • Sur le plan économique, elle génère des économies grâce à la mutualisation des moyens et permet aux organisations de gagner en compétitivité.

Ainsi, en intégrant l’écologie industrielle dans votre stratégie RSE, vous démontrez à vos parties prenantes que votre organisation ne se contente pas de respecter des obligations légales, mais qu’elle adopte une démarche environnementale ambitieuse.

Nos experts vous accompagnent dans la définition et la mise en place de vos démarches RSE et QSE

Intégrer l’écologie industrielle à votre organisation

4 raisons de tendre vers l’écologie industrielle au sein de votre organisation

S’engager dans une démarche d’écologie industrielle n’est pas qu’une question d’image. C’est un choix stratégique qui apporte des bénéfices concrets et mesurables. Voici quatre raisons qui justifient ce virage.

1. Intégrer son organisation dans la transition écologique

Les entreprises font face à une pression croissante pour réduire leur empreinte environnementale. L’écologie industrielle est un levier pour contribuer à la transition écologique, en transformant les pratiques industrielles traditionnelles en modèles plus sobres, inspirés des cycles naturels.

En rejoignant des démarches locales d’écologie industrielle et territoriale (EIT), vous montrez que votre organisation s’inscrit dans les ambitions nationales et européennes de neutralité carbone à horizon 2050.

2. Impliquer les parties prenantes dans un projet commun

L’écologie industrielle repose sur la coopération. En tissant des synergies avec vos partenaires, vos fournisseurs, vos clients ou même vos concurrents locaux, vous renforcez la confiance et le dialogue.

Ces démarches sont aussi l’occasion d’impliquer vos collaborateurs, qui voient concrètement comment leur entreprise participe à un projet collectif, porteur de sens et d’impact positif sur le territoire.

3. Réaliser des économies

Une étude de la Commission européenne estime qu’une meilleure symbiose industrielle pourrait générer plus de 1,4 milliard d’euros d’économies par an pour les entreprises européennes.

Source : Eurostat/Commission Européenne

Optimiser les flux, valoriser les co-produits, partager des services ou des infrastructures : tout cela se traduit par des réductions de coûts non négligeables pour une organisation :

  • Réduction des factures énergétiques grâce à la récupération de chaleur fatale ;
  • Baisse des dépenses de gestion des déchets grâce à la mutualisation ;
  • Diminution des achats de matières premières via le recours à des intrants secondaires.

4. Prendre un temps d’avance sur les réglementations environnementales

Les réglementations environnementales se renforcent rapidement (par exemple avec la loi AGEC ou les obligations de reporting CSRD). En intégrant dès maintenant les principes de l’écologie industrielle, vous anticipez ces évolutions et évitez de subir des contraintes dans l’urgence.

Encore mieux, vous transformez une contrainte réglementaire en avantage compétitif, en affichant une longueur d’avance dans vos pratiques et en renforçant votre crédibilité auprès de vos clients, partenaires et investisseurs !

Comment faire pour appliquer les principes de l’écologie industrielle dans votre organisation ?

Pour réussir à mettre en place les principes de l’écologie industrielle au sein de votre organisation, il est essentiel de suivre une méthodologie claire et d’impliquer les bons acteurs dès le départ.

1. Analyser les données de l’industrie


La première étape consiste à réaliser un diagnostic précis des flux de votre organisation : consommation énergétique, utilisation des matières premières, production de déchets, émissions de gaz à effet de serre, rejets d’eau et de chaleur. Cette photographie initiale permet d’identifier où se trouvent les principaux leviers d’action.

Découvrez comment nous avons construit la calculette carbone de l’un de nos clients en vidéo pour l’aider à mesurer ses émissions de GES !

calculette carbone datacenters miniature youtube

2. Déterminer les axes d’amélioration


Une fois les flux connus, il s’agit de repérer les synergies potentielles. Cela peut concerner le réemploi de vos co-produits par une entreprise voisine, la mutualisation de services ou la substitution de matières premières vierges par des intrants recyclés.

À ce stade, l’échange avec les acteurs locaux (collectivités, associations…) est déterminant.

3. Mettre en place les actions de réduction


L’étape suivante est opérationnelle : mettre en œuvre les synergies identifiées. Cela peut passer par un investissement commun (plateforme logistique, chaufferie biomasse, centre de tri mutualisé) ou par des contrats bilatéraux de valorisation de flux (achat de chaleur fatale, réutilisation d’effluents, etc.).

4. Suivre et évaluer la démarche


Une démarche d’écologie industrielle est vivante. Elle nécessite un suivi régulier pour mesurer les économies réalisées, les émissions évitées, mais aussi pour ajuster les partenariats. Des indicateurs de performance environnementale et économique doivent être mis en place pour assurer la pérennité du projet.

Consultis Environnement vous accompagne dans la mise en place de votre politique RSE et QSE à travers des audits, accompagnements et formations