Valorisation de la chaleur fatale des datacenters : une nouvelle ressource locale ?

Valorisation de la chaleur fatale des datacenters : une nouvelle ressource locale ?

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Les datacenters sont souvent cités pour leur consommation continue et leur impact environnemental conséquent. Alimentés jour et nuit, ils incarnent l’image d’infrastructures énergivores. Pourtant, il existe un angle de vue plus optimiste. Ces mêmes infrastructures pourraient devenir de véritables fournisseurs d’énergie locale grâce à la valorisation de leur chaleur fatale.

Qu’est-ce que la chaleur fatale ?


La chaleur fatale, définie par l’ADEME comme l’énergie thermique produite par une activité qui n’a pas vocation à chauffer, est générée en continu par les serveurs des datacenters. Ces équipements dégagent une chaleur constante, généralement entre 20 et 30 °C. Aujourd’hui, la plupart de cette chaleur est rejetée dans l’air ou dans l’eau, sans aucune utilisation. Autrement dit, les datacenters fonctionnent comme des radiateurs XXL branchés en permanence, mais placés… à l’extérieur.

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Comment valoriser la chaleur fatale des datacenters ?


La bonne nouvelle c’est que plusieurs scénarios de valorisation existent déjà et commencent à se déployer en Europe.

Autoconsommation interne

Le premier scénario est celui de l’autoconsommation interne. Le datacenter utilise sa propre chaleur fatale pour chauffer ses bureaux, ses locaux techniques, ou même des infrastructures attenantes comme une piscine ou une serre agricole. C’est une forme de boucle courte qui ne nécessite pas toujours de grandes infrastructures externes.

👉 Exemple

Les locaux d’Interxion à Marseille, combienent autoconsommation de chaleur fatale et panneaux solaires pour réduire leur dépendance énergétique.

Intégration aux réseaux de chaleur urbains


La deuxième piste de valorisation repose sur l’intégration aux réseaux de chaleur urbains. Ici, la chaleur captée est acheminée vers un réseau collectif qui dessert un quartier ou une ville. Comme la température initiale est souvent trop basse, on a recours à des pompes à chaleur pour l’augmenter. Stockholm fait figure de pionnier en la matière avec son initiative Stockholm Data Parks : plusieurs datacenters alimentent déjà des dizaines de milliers de foyers via le réseau de chaleur de la ville.

Alimentation des consommateurs directs à proximité


Enfin, le troisième scénario consiste à alimenter des consommateurs directs à proximité immédiate du datacenter. Cela peut être des logements sociaux, des gymnases, des serres agricoles ou d’autres bâtiments publics. C’est une forme de “circuit court énergétique” qui crée des synergies locales. À Paris, Stimergy a déjà mis en place un système permettant à un datacenter de chauffer un immeuble résidentiel. À Zurich, IBM alimente le chauffage d’un quartier entier grâce à la chaleur fatale. Ces exemples montrent que la théorie se traduit en pratique et que l’idée de valoriser cette ressource n’a rien d’utopique.

Les freins à la mise en place de telles solutions


Bien entendu, ces solutions rencontrent plusieurs des obstacles à leur mise en place.

  • La première difficulté est technique : les températures rejetées sont souvent trop basses pour un usage direct, d’où la nécessité d’installer des équipements supplémentaires comme des pompes à chaleur.
  • La deuxième difficulté est infrastructurelle : raccorder un datacenter à un réseau urbain ou construire des canalisations dédiées représente un investissement conséquent.
  • La troisième est organisationnelle : il faut coordonner des acteurs aux intérêts, parfois divergents, des opérateurs de datacenters, des collectivités et des gestionnaires de réseaux.
  • Enfin, il existe un problème de synchronisation entre l’offre et la demande : la chaleur fatale est produite en permanence, mais les besoins en chauffage varient selon les saisons.

La valorisation de la chaleur fatale devrait s’intensifier dans les prochaines années


Malgré ces obstacles cités, tout laisse penser que la valorisation de la chaleur fatale va s’intensifier dans les années à venir.

D’une part, les réglementations nationales et européennes encouragent fortement cette pratique, avec des incitations fiscales et des obligations nouvelles.

D’autre part, les innovations techniques, comme le refroidissement par immersion, les boucles locales basse température ou les smart grids, facilitent la récupération et l’intégration de la chaleur. Enfin, les pressions sociétales et clients poussent les opérateurs à être plus transparents et plus durables dans leurs pratiques.

Les datacenters pourraient donc devenir des acteurs territoriaux de la transition énergétique. Au lieu de simplement consommer, ils contribueraient à alimenter des logements, des bureaux ou des infrastructures publiques. Cette évolution changerait profondément leur image, en transformant un symbole d’impact négatif en opportunité de durabilité.

En résumé 


La chaleur fatale n’est pas une perte inévitable mais une ressource stratégique. Les scénarios de valorisation sont déjà opérationnels, que ce soit par autoconsommation, par intégration aux réseaux urbains ou par alimentation directe de bâtiments voisins.

Certes, les obstacles existent, mais les solutions aussi. Ignorer cette opportunité reviendrait à laisser tourner un climatiseur en plein hiver, fenêtres grandes ouvertes. Autrement dit, un non-sens énergétique qui devient difficile de justifier.

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