Low tech : définition, enjeux et applications en entreprise

Low tech : définition, enjeux et applications en entreprise

low tech : vélo cargo bleu pale devant un train en marche

Sommaire

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Aujourd’hui, un simple vélo cargo peut remplacer une voiture pour de nombreux trajets quotidiens. Cet exemple illustre parfaitement l’esprit low tech : des technologies utiles, et durables, qui répondent aux besoins réels sans superflu.

Pour les entreprises, cette philosophie représente une opportunité stratégique. Dans un contexte marqué par l’urgence climatique et la pression réglementaire, intégrer la low tech à ses process peut vous permettre de vous démarquer de vos concurrents. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur cette philosophie, et des cas d’applications concrets en entreprise.

Low tech : définition, enjeux et mise en application en entreprise

Définition de la low tech

La low tech (que l’on désigne parfois par « technologie douce » en bon français !) est une philosophie de l’innovation, qui se fonde sur trois piliers essentiels :

  • Utilité
  • Accessibilité
  • Durabilité.

Une technologie est donc considérée comme low tech lorsqu’elle répond à un besoin fondamental, qu’elle peut être comprise et utilisée par le plus grand nombre, et qu’elle est conçue pour durer tout en limitant son impact écologique.

La low tech est aujourd’hui perçue comme une alternative crédible face à la course aux hautes technologies (ou « high tech »). Elle propose un progrès mesuré et aligné avec les limites planétaires et les besoins réels des individus et des organisations.

« La démarche low tech consiste à « maximiser l’utilité sociale tout en maîtrisant l’impact environnemental, afin de ne pas excéder les limites écologiques de la planète ».

ADEME

Retour en détails sur les trois critères clés d’une technologie low tech :

Premier critère : l’utilité

Le critère de l’utilité peut se formuler sous la forme d’une question simple : « Ce produit ou service est-il vraiment utile ? ».

🙌 Exemple

Un vélo cargo, capable de transporter des enfants ou des courses, est une innovation low tech pertinente car cette technologie répond à un besoin quotidien (la mobilité) tout en étant plus sobre qu’une voiture individuelle.


À l’inverse, un réfrigérateur connecté qui envoie des notifications sur votre smartphone peut être qualifié de dérive high tech, puisqu’il s’agit d’un gadget qui ne répond pas à un besoin vital.


Deuxième critère : l’accessibilité

Une technologie ne peut être qualifiée de low tech que si elle est accessible à tous, financièrement mais aussi techniquement. Cela suppose des objets simples à fabriquer ET à réparer.

Dans de nombreux cas, les solutions low tech privilégient les matériaux locaux, les circuits courts, voire la diffusion en open source, permettant à chacun de les reproduire ou de les adapter à son contexte.

Selon le Low Tech Lab : « Une innovation low tech doit être appropriable par le plus grand nombre, afin de favoriser l’autonomie des individus et des territoires. »

Low tech Lab

Troisième critère : la durabilité

Enfin, une solution low tech doit être conçue pour durer. Cela passe par des choix de conception responsables : robustesse, réparabilité, modularité, recyclabilité, on peut alors parler d’écoconception.


🙌 Exemple

Les oyas, ces pots en terre cuite enterrés qui permettent une irrigation douce et durable des cultures incarnent parfaitement l’esprit low tech, et plus particulièrement le principe de durabilité.

La low tech, bien plus qu’un ensemble de solutions techniques, une vraie philosophie

La low tech est une culture qui invite à repenser nos modes de vie. C’est une démarche qui questionne en profondeur notre rapport au progrès : faut-il multiplier les capteurs, les algorithmes et les objets connectés, ou au contraire valoriser la simplicité et l’ingéniosité ?


Dans cette optique, des acteurs comme le Low Tech Lab ou Low Tech Nation accompagnent individus et organisations pour expérimenter, documenter et diffuser des solutions concrètes.

La low tech en réponse à la diffusion des high techs

Depuis les années 1960, l’essor de la high tech par le développement de la micro-informatique, l’électronique de pointe, les NTIC, et aujourd’hui de l’intelligence artificielle a bouleversé nos sociétés.

Ces innovations présentent de nombreux effets pervers comme l’augmentation de la dépendance aux ressources rares et l’accroissement drastique de l’empreinte carbone des individus.

Dans ce contexte, la low tech s’affirme comme un contrepoids nécessaire. Elle ne nie pas les bénéfices de la high tech, mais elle en critique les dérives et propose une autre voie : celle d’une technologie sobre et résiliente.

High tech versus low tech : retour historique

Le terme low tech trouve ses racines dans les travaux de l’économiste Ernst Friedrich Schumacher, auteur de Small is Beautiful (1973). Il y défendait l’idée de « technologies intermédiaires » : ni archaïques, ni démesurément complexes, mais adaptées aux besoins réels et aux contextes locaux.


Plus tard, dans les années 2010, l’ingénieur français Philippe Bihouix a popularisé l’expression en France avec son essai L’âge des low tech. Il y dénonce le mythe d’un progrès infini basé sur l’innovation technologique intensive et propose au contraire de « réapprendre à faire simple », avec des solutions durables et accessibles.

« Les hommes n’ont jamais autant produit, pollué et jeté. Nous avons besoin de retrouver des techniques sobres et pérennes. »

Philippe Bihouix, L’âge des low tech

Utilisation de matériaux simples et recyclables

Face à l’omniprésence du numérique et des gadgets électroniques, la low tech propose un retour aux fondamentaux : la terre crue, la laine, le bois, ou encore le métal.


Par exemple, l’isolation en paille ou en chanvre offre d’excellentes performances thermiques tout en étant plus écologique que des isolants industriels. De même, des fours solaires ou des séchoirs à fruits redonnent vie à des pratiques ancestrales adaptées à nos enjeux modernes.

La low tech : une des solutions face aux inquiétudes environnementales

La montée en puissance des technologies numériques high tech et de l’IA fait émerger des problématiques environnementales majeures : consommation énergétique des data centers, dépendance aux métaux rares, montagnes de déchets électroniques, et bien d’autres encore.

Dans ce paysage, la low tech trouve un écho grandissant : elle incarne une forme de sobriété choisie, un frein volontaire à la surenchère technologique.

Chez Consultis Environnement, nous proposons des formations et accompagnement sur l’écoconception de vos services numériques, une pratique qui s’intègre parfaitement dans une perspective low tech

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Application de la low tech dans 4 secteurs fortement émetteurs

Comme vous l’avez compris, la low tech apparaît comme une solution concrète pour réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre.

Pour vous permettre de mieux cerner ses domaines d’application, nous avons sélectionné 4 secteurs fortement émetteurs dans lesquels la low tech peut s’appliquer à différent niveaux :

  1. Habitat et construction
  2. Transports
  3. Agriculture
  4. Numérique

Pour rappel, voici une infographie présentant les émissions de GES par secteur en 2023 (source : ministère territoires écologie et logement)

low tech : schéma présentant la répartition des émissions de GES en France par secteur en 2023

1. Habitat et construction

Le secteur du bâtiment est l’un des plus énergivores et polluants : il représente environ 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France (source : SDES). La bonne nouvelle, c’est qu’il existe de nombreuses alternatives low tech permettant de réduire l’empreinte carbone de ce secteur !

Utilisation de matériaux sourcés et locaux

Construire avec des ressources locales et peu transformées est au cœur de l’approche low tech. Voici trois exemples de ressources qu’il est possible d’utiliser :  

  • La terre crue offre une inertie thermique remarquable et une régulation naturelle de l’humidité intérieure.
  • La paille utilisée comme isolant est non seulement performante, mais aussi économique et abondante.
  • Le chanvre, cultivable localement, permet de produire des bétons légers et isolants.

Sobriété énergétique et conception passive

Au-delà des matériaux, la low tech s’intéresse aussi à la conception des bâtiments dans un objectif de réduire les besoins énergétiques en amont, plutôt que de compenser par des systèmes complexes.


🙌 Exemple

Un logement bien orienté, ventilé naturellement, avec des protections solaires (volets, végétation, brise-soleil) peut se passer en grande partie de climatisation. L’isolation performante limite quant à elle les besoins de chauffage. On parle alors de bâtiments passifs, conçus pour consommer le moins d’énergie possible.



Pour mieux comprendre l’approche low tech dans l’habitat, nous vous proposons de visionner le documentaire produit par Arte : « L’appartement du futur », dans lequel deux ingénieurs imaginent et aménagent un appartement dont le but est de réduire au maximum les émissions de CO2 en choisissant des matériaux à faible émissions et en misant sur les pouvoirs insoupçonnés de la biosphère 👇

low tech : image de couverture de la vidéo l’appartement du futur

2. Transport

Le transport est l’un des principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre. En France, il représente 34% des émissions nationales de CO₂, dont une majorité liée à la voiture individuelle et au transport routier de marchandises (source : ministère de l’écologie).  

Dans ce domaine, la low tech propose de revenir à des solutions plus sobres et accessibles sans dépendre systématiquement d’innovations complexes.

Priorité à la mobilité douce

La démarche low tech met en avant les modes actifs comme la marche et le vélo, qui restent les moyens de transport les plus sobres, mais aussi les plus universels. Le vélo est l’objet low tech par excellence : robuste, durable, réparable partout dans le monde, et accessible financièrement.

Le développement des vélos cargos illustre bien cette logique : ils permettent de transporter des charges ou des enfants et deviennent une alternative concrète à la voiture en ville.

« Si seulement 10 % des trajets effectués en voiture en France basculaient vers le vélo, cela permettrait d’économiser près de 2 millions de tonnes de CO₂ par an. »

Source : ADEME

Transports collectifs et légers

La low tech privilégie également les solutions collectives plutôt que l’usage individuel systématique. Trains, bus, covoiturage ou navettes partagées permettent de réduire fortement l’empreinte carbone par passager.

Une mobilité réinventée ?

La low tech questionne nos habitudes de déplacement : a-t-on réellement besoin de parcourir des centaines de kilomètres chaque semaine pour travailler ou se divertir ? Par exemple, le télétravail ou la relocalisation des activités favorisant la proximité sont des leviers low tech pour réduire notre dépendance aux transports motorisés.

3. Agriculture

Le secteur agricole occupe une place centrale dans la transition écologique : il représente environ 20% des émissions de gaz à effet de serre en France, en grande partie du fait de l’élevage et de la mécanisation. Dans ce secteur, il existe de nombreuse façon de mettre en pratique la philosophie low tech.  

Réhabiliter des pratiques ancestrales (mais pas obsolètes ^^)

Avant l’ère de la mécanisation intensive, les paysans utilisaient des techniques simples et ingénieuses : traction animale, cultures associées, irrigation gravitaire, conservation naturelle des récoltes. Ces savoir-faire reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène, souvent enrichis par les connaissances actuelles.

Utiliser des outils adaptés et réparables

L’un des enjeux de l’agriculture moderne est la dépendance aux machines lourdes, coûteuses et gourmandes en énergie. Des coopératives comme L’Atelier Paysan en France développent des outils agricoles low tech, conçus avec et pour les agriculteurs.


Ces outils (comme par exemple : butteuses, houes maraîchères, semoirs manuels etc.) sont pensés pour être fabriqués localement, réparés facilement et partagés entre exploitants. Ils permettent de gagner en autonomie et de réduire les coûts d’exploitation.

4.  Numérique

Le numérique représente environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (soit davantage que l’aviation civile !). En France, il pourrait même atteindre 7 % des émissions nationales d’ici 2040 si aucune mesure de sobriété n’est prise.

Allonger la durée de vie des équipements

La première démarche low tech dans le numérique consiste à prolonger l’usage des appareils existants dans une démarche numérique responsable. Cela implique de :

  • Réparer plutôt que remplacer : privilégier les pièces détachées, le reconditionnement et la mise à jour logicielle.
  • Choisir des équipements modulaires : par exemple, le Fairphone, conçu pour être facilement démonté et réparé, illustre cette approche.
  • Limiter l’obsolescence programmée : favoriser les constructeurs qui garantissent des mises à jour longues et la disponibilité de pièces.

Sobriété des usages numériques

La low tech questionne aussi nos pratiques quotidiennes comme le streaming de contenu vidéos, ou encore l’envoi de mails de masse.

❓ Le saviez-vous ?

Une heure de streaming vidéo HD consomme autant d’électricité qu’une ampoule LED allumée pendant un an ? (The Shift Project)

Éco-conception des services numériques

L’approche low tech s’applique aussi au développement logiciel et aux infrastructures. On parle d’écoconception des services numérique, cela consiste à :

  • réduire le poids des applications,
  • limiter le recours aux animations inutiles,
  • mutualiser les serveurs,
  • valoriser la chaleur fatale des data centers pour alimenter des réseaux de chaleur urbains.

Découvrez avec Nicolas Bordier, comment automatiser les outils d’éco-conception des services numériques dans cet extrait du DevFest 2024 :

miniature youtube devfest

Chez Consultis Environnement, nous accompagnons déjà les entreprises dans une démarche numérique responsable à travers des audits, des formations et des projets d’écoconception des services numériques.

Le low tech en entreprise

La low tech concerne directement les entreprises, qui sont à la fois consommatrices de technologies et actrices de la transition écologique. Dans un contexte où la pression réglementaire (CSRD, taxonomie verte, SNBC) et les attentes sociétales s’intensifient, intégrer une démarche low tech peut devenir un levier stratégique.

Repenser la stratégie technologique de l’entreprise

Adopter une approche low tech en entreprise, c’est d’abord réinterroger la place de la technologie dans son modèle économique. Cette approche en entreprise peut consister à :

  • Réduire l’intensité technologique des équipements en privilégiant des solutions simples plutôt que des dispositifs ultra-connectés.
  • Éliminer les fonctions superflues en se concentrant sur les usages réels plutôt qu’en développant des fonctionnalités gadgets qui alourdissent les produits et les services.
  • Mutualiser les ressources en partageant des équipements et en rationalisant les infrastructures

Des bénéfices économiques et environnementaux

Intégrer la low tech en entreprise comporte de nombreux bénéfices :

  • Réduction des coûts : moins de dépenses liées au renouvellement du matériel, à la maintenance ou aux consommations énergétiques.
  • Résilience : moins de dépendance aux chaînes d’approvisionnement complexes, davantage d’autonomie grâce à des équipements réparables localement.
  • Image positive : répondre aux attentes des parties prenantes en matière de responsabilité sociétale et environnementale.

Former et accompagner les équipes

La transformation vers la low tech implique un changement culturel autant que technique. Les collaborateurs doivent être sensibilisés à l’importance de la sobriété et de l’écoconception. C’est pourquoi de plus en plus d’entreprises investissent dans la formation et l’accompagnement de leurs équipes ou souhaitent se sensibiliser via la fresque du numérique par exemple.

Nous proposons une formation dédiée à l’écoconception des services numériques. Elle s’adresse aux directions IT, aux développeurs et aux responsables RSE.

En résumé

En privilégiant l’utile, l’accessible et le durable, la low tech répond à la fois aux défis environnementaux et aux attentes d’une société en quête de sens. Pour les entreprises, adopter la low tech, c’est conjuguer sobriété et performance.