Calculer et réduire son empreinte écologique en entreprise

Calculer et réduire son empreinte écologique en entreprise

empreinte écologique : image d'une décharge vue du ciel

Sommaire

Adoptez les meilleures pratiques en entreprise avec Consultis Environnement

Sommes-nous en train de consommer plus que ce que la planète peut offrir ?

C’est à cette préoccupation que l’indicateur d’« empreinte écologique » tente de répondre ; et la réponse est oui ! En 2025, nous avons consommé l’équivalent des ressources d’1,8 planètes terre (ce qui ne constitue pas une excellente nouvelle, on vous l’accorde).

Face à ce constat sans appel, nous verrons comment est mesurée cette empreinte, mais aussi comment faire pour la réduire au sein d’une organisation.

Définition de l’empreinte écologique

Empreinte écologique : c’est quoi ?

Nous vivons aujourd’hui dans ce que de nombreux chercheurs appellent l’Anthropocène, une époque où l’activité humaine modifie en profondeur les grands équilibres de la biosphère : entre dérèglement climatique, perte de la biodiversité, ou encore pollution diffuse des sols, de l’eau et de l’air.

Dans ce contexte, il est crucial de pouvoir mesurer les impacts de nos activités pour comprendre ce que nous prélevons, ce que nous détruisons, et ce que nous pouvons encore régénérer. C’est à cela que sert l’empreinte écologique.

👉 Définition

L’empreinte écologique est un indicateur qui quantifie la pression exercée par l’humanité sur les écosystèmes.



L’empreinte écologique intègre deux réalités :

  1. Les ressources consommées : nourriture, fibres, matériaux, bois, énergie

  2. Les déchets générés, et notamment les émissions de CO₂.



L’unité de mesure dans laquelle l’empreinte écologique s’exprime est le hag, pour hectare global. Un hectare global correspond à un hectare de terre ou de mer ayant une productivité moyenne mondiale.

Cette unité peut paraître abstraite, mais elle permet un calcul résolument efficace :
elle met en évidence le décalage entre ce que nous prélevons et ce que la nature peut régénérer, nous permettant ainsi d’avoir conscience du « crédit écologique » que nous utilisons.

L’empreinte écologique en chiffres

Il existe plusieurs manières de représenter l’empreinte écologique :

  • En hectares globaux
  • En présentant le « nombre de planètes » utilisées par an
  • En utilisant la notion de jour du dépassement

L’empreinte écologique en hectares globaux en France et dans le monde

Si vous vivez en France, votre empreinte écologique individuelle représente en moyenne environ 5 hectares globaux (hag) par an.

Pour vous donner un ordre d’idée, cela signifie que chaque Français mobilise l’équivalent de 5 terrains de rugby de surfaces productives pour se nourrir, se déplacer, consommer de l’énergie, et absorber ses déchets.

À titre de comparaison, un habitant des États-Unis dépasse souvent les 10 hag, tandis qu’un habitant de nombreux pays en cours de développement reste aux alentours des 1,5 hag.

La métaphore du “nombre de planètes”

Pour rendre la notion d’empreinte écologique encore plus parlante, les scientifiques utilisent régulièrement la métaphore du nombre de planètes nécessaires pour maintenir le niveau de vie moyen d’un pays.

Ainsi, en 2025, l’humanité utilise 1,8 fois la capacité annuelle de la Terre.

En résumé, nous vivons comme si nous avions presque deux planètes, alors qu’une seule est disponible.

Si tout le monde vivait comme un Français, il faudrait environ 2,8 planètes pour subvenir à nos besoins.

Global Footprint Network

Le Jour du dépassement : une autre manière de présenter les données

Un autre indicateur dérivé de l’empreinte écologique (et fortement lié au « nombre de planètes ») est aujourd’hui largement connu du grand public : le Jour du dépassement (Earth Overshoot Day).

👉 Définition

Le jour du dépassement est la date à partir de laquelle : l’humanité a consommé l’intégralité des ressources renouvelables que la planète peut produire en un an.


Après cette date, nous vivons sur du “crédit écologique”.

En 2025, ce Jour du dépassement mondial est tombé le 24 juillet, cela signifie qu’en sept mois, nous épuisons les ressources de toute une année, et que les cinq derniers mois « rognent » sur les ressources et le capital naturel de la planète, en affaiblissant la biodiversité, les forêts, les sols, et les océans.

80 % de ressources consommées en trop

Ces indicateurs sont en réalité trois outils pour présenter les mêmes conclusions : l’humanité utilise chaque année environ 80% de ressources en plus que ce que les écosystèmes peuvent renouveler chaque année.

Qu’est-ce qui contribue le plus à augmenter l’empreinte écologique ?

Comme nous l’avons vu en définissant la notion d’empreinte écologique, on peut diviser cet indicateur en deux temps :

  1. La consommation de ressources
  2. La génération de déchets

Entrons plus en détails dans chacune de ces deux phases, pour comprendre ce qui contribue à l’empreinte écologique.

Consommation de ressources

Une dépendance structurelle aux ressources naturelles

L’extraction et la transformation de ressources naturelles représentent plus de 50 % des émissions globales de gaz à effet de serre et plus de 90 % de la perte de biodiversité.

ADEME

Chaque organisation mobilise des matières premières à un moment ou à un autre. Il peut s’agir :

  • D’énergie (électricité, gaz, pétrole)
  • D’deau pour refroidir, nettoyer, transformer, produire
  • De métaux rares et matériaux critiques,
  • De bois, fibres textiles, terres agricoles,
  • De produits miniers (aluminium, cuivre, silicium…).

Leur extraction implique des transformations du sol, des impacts sur la biodiversité, l’utilisation d’eau douce, ou encore une forte consommation d’énergie.

La consommation d’énergie, pivot de l’empreinte écologique

Un chiffre suffit à saisir l’ampleur de l’enjeu :

L’électricité mondiale repose encore à plus de 60 % sur l’exploitation d’énergies fossiles.

iea.org

Ainsi, non seulement notre consommation d’électricité (et donc d’énergie) dépend encore massivement de ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), mais elle conditionne quasiment toutes les autres étapes du cycle de vie des biens et services.

La consommation en eau, un impact sous-estimé

L’eau est peut-être la ressource la plus sous-évaluée dans les bilans environnementaux.
Et pourtant :

  • elle est nécessaire à la fabrication de presque tous les biens matériels
  • elle est indispensable à l’agriculture
  • elle refroidit nos installations industrielles
  • elle transporte la chaleur, les nutriments, les polluants…

Ainsi, même une entreprise tertiaire, qui pense “ne rien produire”, consomme en réalité énormément d’eau via les produits qu’elle achète.

L’impact caché des métaux rares

Avec la montée en puissance du numérique, de la mobilité électrique, des objets connectés et de l’IA, les métaux rares (lithium, cobalt, nickel, terres rares…) sont devenus une ressource critique.
Même une entreprise “qui ne fabrique rien” dépend de ces matières via ses serveurs, ses ordinateurs, ses smartphones, ou encore ses infrastructures cloud.

L’exemple des data centers : une empreinte écologique conséquente

La consommation d’énergie des data centers pourrait être multipliée par 3 d’ici 2030, notamment sous l’effet des IA génératives. Pour les entreprises, cela signifie que leur empreinte écologique numérique va devenir un sujet central.

iea.org

La croissance vertigineuse du numérique et de l’IA a fait exploser la consommation des data centers d’un point de vue énergétique et hydrique.

Aujourd’hui, un data center classique consomme autant d’électricité qu’une ville moyenne, et ceux dédiés à l’intelligence artificielle affichent une intensité énergétique bien supérieure.

La pollution des data center est donc un enjeu à suivre de très près dans les prochaines années

Découvrez comment nous avons effectué l’analyse de cycle de vie des data centers d’une grande entreprise dans notre cas client 👇.

analyse de cycle de vie des datacenters, utile pour mesurer l'empreinte ecologique globale

Génération de déchets

La génération de déchets constitue l’autre face de l’empreinte écologique, et est tout aussi problématique.

Pourquoi intégrer la génération des déchets dans l’empreinte écologique ?

L’empreinte écologique ne mesure pas uniquement ce que nous prélevons : elle mesure aussi ce que nous rejetons, car pour absorber et neutraliser nos déchets, la planète doit mobiliser des surfaces forestières (pour absorber le CO₂ par exemple), des écosystèmes aquatiques (pour dégrader certains polluants) et des sols (pour stocker, filtrer ou catalyser les résidus).

👉 Remarque

A chaque déchet produit correspond une parcelle de nature qui doit travailler pour l’absorber. Cette parcelle de nature utilisée est fréquemment appelée « biocapacité ».

Le volume de déchets explose

En Europe, chaque habitant génère environ 530 kg de déchets municipaux par an, un volume en hausse continue depuis plusieurs décennies.

Eurostat

Néanmoins, ces déchets municipaux ne représente que 10 % du total des déchets produits. Le reste provient de secteurs de la construction, de l’industrie, de l’agriculture, ou encore des activités tertiaires.

Pourquoi réduire les déchets est important pour votre entreprise

Les déchets ne sont pas qu’un “dérangement logistique”. Ils consomment des ressources en amont, mobilisent des surfaces en aval, impliquent des transports et des traitements, et génèrent des émissions de gaz à effet de serre.

Réduire les déchets n’est donc pas seulement un geste symbolique, c’est une réduction mesurable de l’empreinte écologique à laquelle il est possible de se former.

Formez vous et vos équipe à la gestion des déchets en entreprise en suivant notre formation

L’empreinte carbone, une composante majeure de l’empreinte écologique

Selon le Global Footprint Network, la composante carbone représente plus de 60 % de l’empreinte écologique mondiale.

https://www.footprintnetwork.org/

Réduire notre empreinte écologique globale, passe par une diminution de nos émissions de GES.

En effet, l’accumulation des GES, au-delà de l’impact climatique, implique aussi une pression accrue sur les forêts, qui doivent absorber davantage de CO₂, une augmentation de la déforestation (car les forêts primaires disparaissent plus vite qu’elles ne se régénèrent) et une diminution de la biocapacité mondiale, car les écosystèmes stressés sont moins performants.

L’empreinte écologique est donc un indicateur dont la réduction doit être fortement tirée par la décarbonation.

Comment calculer son empreinte écologique ?

Nous vous donnons dans cette partie, quelques outils et guides méthodologiques pour calculer votre empreinte écologique.

Faire une analyse environnementale multicritère

Pour calculer son empreinte écologique de manière fiable, il ne suffit pas de regarder uniquement les émissions de CO₂ ou les déchets produits. Une entreprise doit adopter une approche beaucoup plus large, capable de capturer l’ensemble des pressions qu’elle exerce sur l’environnement.

C’est exactement le rôle de l’analyse environnementale multicritère, un outil méthodologique fondamental inscrit au cœur des démarches ISO 14001 et des analyses de cycle de vie (ACV).

Une méthodologie issue de l’ISO 14001

Dans une démarche de management environnemental conforme à l’ISO 14001, l’analyse environnementale est une obligation structurante.
Elle sert à :

  1. Identifier les “aspects environnementaux significatifs”,
  2. Prioriser les actions,
  3. Suivre les progrès d’année en année.

Un lien direct avec les analyses de cycle de vie

L’analyse environnementale multicritère partage sa philosophie avec l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) :

Même si l’ACV est plus détaillée et normalisée, elle repose sur la même logique :
comprendre l’impact global, à 360°, sans réduire la performance environnementale à un seul indicateur.

Comment cette analyse permet de calculer l’empreinte écologique?

En se basant sur les méthodologies de l’ACV et de la norme ISO 14001, l’entreprise dispose d’une vision claire sur :

  • ses consommations,
  • ses rejets,
  • ses pressions sur les terres
  • son usage de ressources,

il devient alors possible de convertir ces données en hectares globaux (hag), c’est-à-dire en surface nécessaire pour produire ces ressources et absorber ces déchets.

En somme, l’analyse multicritères :

  • révèle les hectares globaux s’accumulent ;
  • Identifie quelles activités pèsent le plus ;
  • Détermine sur quels leviers agir pour réduire l’empreinte écologique.

Ainsi, elle permet de traduire les enjeux bruts (eau, sol, CO₂, matières) en un indicateur unique : l’empreinte écologique.

Faire un bilan carbone

Un outil indispensable dans la mesure de l’empreinte carbone

Pour mesurer son empreinte écologique, il est indispensable de mesurer une de ses composantes majeures : l’empreinte carbone. Et pour cela, un outil domine aujourd’hui dans les organisations publiques comme privées : le bilan carbone.

À la fois rigoureux, normé et très opérationnel, il permet de quantifier les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par votre activité et puis d’agir dessus.

Un bilan carbone rigoureux s’appuie toujours sur :

  • le GHG Protocol, standard international reconnu,
  • et/ou la méthode Bilan Carbone® de l’ADEME et de l’ABC (Association Bilan Carbone).

Ces deux cadres méthodologiques permettent de quantifier correctement les émissions en tonnes de CO₂e (équivalent CO₂), en les regroupant selon les trois scopes :

  • Scope 1 : Émissions directes
  • Scope 2 : Émissions indirectes liées à l’énergie
  • Scope 3 : Émissions indirectes de la chaîne de valeur

Intégrer la mesure du bilan carbone dans l’empreinte écologique

L’empreinte écologique exprime la pression environnementale en hectares globaux (hag).


Or, une grande partie de ces hectares correspond à la surface forestière nécessaire pour absorber les émissions de CO₂.

Ainsi, pour convertir une empreinte carbone en empreinte écologique, on considère que plus une entreprise émet de CO₂, plus il faut de forêts pour compenser, et que, par conséquent, plus son empreinte écologique augmente.

Le bilan carbone est alors un outil de quantification (mesure brute des émissions), et un outil de traduction (conversion en surface nécessaire).

Il permet de déterminer le poids réel des activités sur la biocapacité de la planète.

Et si votre entreprise établissait son bilan carbone ?

Comment réduire son empreinte écologique ?

Maintenant que vous savez mesurer votre empreinte écologique, comment faire pour la réduire à l’échelle des entreprises, tout en évitant le greenwashing ?

Réduire son empreinte carbone

Réduire son empreinte écologique passe d’abord par un geste incontournable : réduire son empreinte carbone.

Cela passe par :

  1. Une amélioration de la performance énergétique de l’entreprise, en optimisant le chauffage et la climatisation, remplaçant les équipements énergivores, ou en installant des systèmes de suivi énergétique

  2. Une décarbonation de l’énergie, qui peut passer par l’installation de panneaux solaires, la transformation de la chaleur fatale, ou la souscription à un fournisseur d’électricité verte

  3. La réduction des émissions liées au transport, en privilégiant l’usage du train par rapport à l’avion, en développant le télétravail, ou encore en installant un plan de mobilité douce (vélo, covoiturage)

  4. La réduction de l’impact carbone des achats, en choisissant des fournisseurs bas carbones, en intégrant des critères RSE dans les appels d’offre, ou encore en prolongeant la durée de vie de certains équipements

  5. Une évolution vers des procédés et produits bas carbone, en utilisant des matériaux plus sobres, des procédés moins énergivores, ou en améliorant le rendement industriel.

👉 Remarque

Dans l’idéal, il faut intégrer toute ces mesures de réduction d’empreinte carbone au sein d’une feuille de route détaillée, constituant la trajectoire carbone de votre entreprise.

Eco-concevoir ses activités numériques

Si l’on parle beaucoup de transition énergétique et de réduction des déchets, un angle mort persiste encore dans de nombreuses organisations : l’impact écologique du numérique.


Or, entre la fabrication des équipements, l’extraction des métaux rares, l’usage quotidien des services cloud et la montée en puissance de l’IA, le numérique représente une part croissante de l’empreinte écologique des entreprises.

L’un des leviers les plus efficaces pour la réduire consiste à éco-concevoir ses activités numériques, c’est-à-dire repenser ses outils, services et pratiques pour minimiser leurs impacts tout au long de leur cycle de vie.

Le numérique représente déjà 2,5 % de l’empreinte carbone de la France et pourrait atteindre 7 % d’ici 2040 sans mesures correctives.

ADEME

Éco-concevoir un service numérique consiste à réduire ses impacts :

  • pendant la conception,
  • pendant le développement
  • pendant l’usage,
  • pendant l’hébergement,
  • pendant la fin de vie des équipements.

C’est une démarche multicritère, cohérente avec les principes du RGESN (Référentiel Général d’Écoconception de Services Numériques).

Consultis Environnement accompagne et forme les entreprises aux principes de l’écoconception des services numériques