Derrière le mot décarbonation (souvent utilisé à tort et à travers !) se joue la transformation de nos modèles ; énergie, industrie, bâtiment, agriculture, transports et services ; par la réduction des émissions de GES à horizon 2030 – 2050.
Dans cet article, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur la décarbonation : définition, enjeux, et surtout comment mettre en application des mesure concrètes en entreprises pour la favoriser.
La décarbonation : définition et enjeux
Qu’est-ce que la décarbonation ?
La décarbonation (que l’on retrouve parfois sous le terme décarbonisation en bon français !) désigne l’ensemble des actions mises en œuvre pour réduire, et à terme éliminer, les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) et plus largement de gaz à effet de serre (GES) générés par les activités humaines.
Ce terme est utilisé dans des contextes variés et se peut se décliner à plusieurs niveaux :
- À l’échelle individuelle, il peut signifier adopter des mobilités douces, limiter sa consommation énergétique ou revoir son alimentation.
- Pour une entreprise, la décarbonation s’exprime à travers la transformation de ses procédés de production, l’optimisation de ses bâtiments, la sobriété numérique ou encore l’activation de démarches structurées comme le bilan carbone ou l’analyse de cycle de vie (ACV).
- Du côté des organisations publiques et parapubliques, il s’agit de mettre en place des politiques ambitieuses pour orienter les comportements collectifs vers une société bas-carbone.
Pourquoi la décarbonation est-elle si urgente ? Parce que les émissions de GES participent activement au phénomène de réchauffement climatique. Lorsque leur concentration augmente trop rapidement dans l’atmosphère, comme c’est le cas depuis la révolution industrielle, l’équilibre thermique de la planète est bouleversé. Ce phénomène implique de lourdes conséquences, qui se traduisent par :
- La fonte accélérée des glaces et calottes polaires,
- La montée du niveau des mers,
- La multiplication d’événements météorologiques extrêmes (canicules, inondations, sécheresses, cyclones),
- La perte de biodiversité massive et la déstabilisation des écosystèmes.
Schéma explicatif de l’effet de serre (source : SchoolMouv) 👇

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les activités humaines ont déjà provoqué un réchauffement planétaire d’environ +1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, et chaque dixième de degré supplémentaire accroît considérablement les risques pour les sociétés humaines et la nature
GIEC, 2023
Limiter le réchauffement climatique et les émissions de GES est donc un enjeu crucial, c’est pourquoi la décarbonation constitue le socle des stratégies climatiques contemporaines, qu’il s’agisse du Pacte vert européen, de la Stratégie nationale bas-carbone en France ou encore des feuilles de route spécifiques des secteurs économiques.
L’ambition française avec la SNBC
En France, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) constitue le document de référence en matière de décarbonation.
La SNBC fixe des budgets carbone par période de cinq ans et par secteur (industrie, transport, bâtiment, agriculture). Sa troisième version (SNBC 3) recommande une réduction annuelle moyenne de 5 % des émissions entre 2022 et 2030, condition nécessaire pour rester aligné avec l’objectif européen.
De plus, elle insiste sur la nécessité de transformer profondément les secteurs les plus émetteurs, mais aussi d’investir dans l’innovation, la formation et les infrastructures.
🙌 Remarque
L’enjeu de décarbonation est colossal : Très concrètement, la France doit diviser par 6 en en trente ans les résultats de plus de 200 ans d’émissions carbone depuis la Révolution Industrielle.
Un enjeu direct pour les entreprises
Les entreprises et les organisations sont aussi au cœur des enjeux de décarbonation. Elles peuvent (et doivent !) mettre en œuvre une série de mesures pour participer à la réduction des émissions de GES. Cela peut être par exemple :
- Optimiser leur performance énergétique
- Revoir leur chaîne d’approvisionnement
- Repenser leurs services informatiques dans une approche numérique responsable
Consultis Environnement accompagne les organisations dans cette démarche grâce à des bilans carbone, des analyses de cycle de vie (ACV) et des formations adaptées. Ces outils permettent de mesurer précisément l’empreinte carbone et de déployer des plans de décarbonation crédibles, alignés sur les stratégies nationales et européennes.
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Analyse des moyens de la décarbonation par secteur en France
Face à la nécessité de décarbonation, une approche sectorielle peut permettre de concentrer les efforts de façon stratégique et précise. Dans cette partie, vous trouverez des moyens pour mener à bien la décarbonation dans 4 secteurs d’émission de GES en France :
- Les transports
- L’industrie
- L’agriculture
- Les services
La décarbonation dans les transports
❓ Le saviez-vous ?
Le secteur des transports concentre à lui seul environ 33 % des émissions de gaz à effet de serre nationales, ce qui en fait le premier poste d’émissions devant l’agriculture et l’industrie.
Contrairement à d’autres secteurs qui amorcent une baisse progressive de leurs émissions, les transports ont vu leurs rejets augmenter de 6,5 % entre 1990 et 2022 (ADEME). Cette tendance s’explique par l’essor de la mobilité individuelle motorisée, l’augmentation du transport de marchandises et la lenteur des alternatives à s’imposer.
Pour parvenir à réduire significativement ces émissions, plusieurs stratégies doivent être combinées, et doivent être prises en compte par les entreprises :
- Maîtriser la demande de transport en développant le télétravail, ou en favorisant les circuits courts
- Mettre en avant des modes de transport moins carbonés en encourageant l’usage du train, des transports collectifs urbains, du vélo ou du covoiturage pour réduire la dépendance à la voiture individuelle et au transport routier.
- Améliorer le taux de remplissage des transports en commun et/ou individuels notamment pour les trajets domicile-travail. En effet, un bus ou une voiture partiellement vide perd une grande partie de son efficacité.
- Optimiser la performance énergétique des véhicules en favorisant les véhicules électriques ou hybrides et les carburants alternatifs (biogaz, hydrogène)
La décarbonation des transports : un sujet sensible pour la société
La question des transports touche directement aux libertés individuelles et au mode de vie quotidien des citoyens. Restreindre l’usage de la voiture ou augmenter la fiscalité sur les carburants peut provoquer des tensions sociales, comme l’a illustré le mouvement des Gilets jaunes. C’est pourquoi les politiques publiques doivent conjuguer acceptabilité sociale et efficacité climatique (ce qui n’est jamais une mince affaire !)
Pour respecter la trajectoire française, les émissions du secteur des transports doivent être réduites de 28 % d’ici 2030 par rapport à 2019, ce qui impose un effort inédit et rapide
Haut Conseil pour le climat
La décarbonation dans l’industrie en France
❓ Le saviez-vous ?
Le secteur industriel représente environ 20 % des émissions totales de gaz à effet de serre en France.
En France, les 50 sites les plus émetteurs (cimenteries, aciéries, raffineries, usines chimiques, etc.) concentrent à eux seuls près de 12 % des émissions nationales. Ce chiffre illustre bien la réalité : pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, il faudra transformer en profondeur des processus qui reposent, depuis plus de deux siècles, sur les énergies fossiles.
Décarboner l’industrie implique ainsi un véritable changement de paradigme. En effet, les procédés lourds (sidérurgie, production de ciment, chimie) reposent sur des réactions physico-chimiques émettrices de CO₂ qu’il est difficile de substituer à court terme. L’industrie doit donc relever un double défi :
- Moderniser ses installations pour les rendre sobres en carbone,
- Tout en conservant sa compétitivité économique et sa place dans les chaînes de valeur mondiales.
En France, la SNBC fixe à l’industrie un objectif de -35 % d’émissions d’ici 2030 par rapport à 2015 et de -81 % à horizon 2050
Ministère de l’Economie
Les moyens mis en place pour décarboner l’industrie
Pour soutenir cette mutation, l’État a mis sur la table des moyens considérables :
- 5,6 milliards d’euros via le plan France 2030 pour accélérer la décarbonation industrielle.
- 610 millions d’euros spécifiquement dédiés à l’innovation, afin de faire émerger des solutions de rupture (hydrogène bas-carbone, électrification massive, captage et stockage du CO₂).
- Des programmes ciblés comme les Zones Industrielles Bas Carbone (ZIBAC), qui favorisent la mutualisation de solutions entre plusieurs sites d’un même territoire (réseaux de chaleur, synergies énergétiques).
Au-delà de la contrainte réglementaire, la décarbonation peut devenir un atout économique. Les entreprises qui investissent tôt dans des procédés bas-carbone se positionnent sur des marchés en forte croissance. Elles répondent aussi à une demande accrue des clients et investisseurs, de plus en plus attentifs à l’empreinte carbone des produits.
Enfin, l’industrie peut tirer parti d’une ressource souvent négligée : la chaleur fatale. Aujourd’hui, près de 36 % de l’énergie consommée par l’industrie est perdue sous forme de chaleur. Sa valorisation (réseaux de chaleur urbains, autoconsommation) représente un levier immédiat et rentable pour réduire les émissions tout en améliorant la performance énergétique.
Envie de réaliser le bilan carbone de votre entreprise pour en mesurer l’impact et mettre en place des mesures ambitieuses de réduction d’émissions ?
La décarbonation dans l’agriculture
L’agriculture française a déjà réduit ses émissions de 15 % entre 1990 et 2020, mais il reste encore un long chemin à parcourir pour atteindre les objectifs climatiques à 2030
INRAE
Avec près de 19 % des émissions de gaz à effet de serre en France, l’agriculture constitue l’un des principaux postes d’émissions après les transports. Contrairement à l’industrie ou au bâtiment, ses rejets proviennent moins de la combustion d’énergies fossiles que de processus biologiques difficiles à maîtriser que l’on peut répartir ainsi :
- 59 % liés à l’élevage, en particulier aux émissions de méthane provenant de la digestion des ruminants et du stockage des effluents d’élevage.
- 26 % issus des cultures, avec le protoxyde d’azote (N₂O) dégagé par l’utilisation d’engrais azotés.
- 14 % dus à la combustion d’énergie fossile pour les engins agricoles et le chauffage de certaines serres.
Des objectifs ambitieux de décarbonation du secteur agricole
La France s’est fixé l’objectif de réduire de 13 % les émissions agricoles d’ici 2030. Cela suppose d’agir sur plusieurs leviers simultanément :
- Améliorer les pratiques d’élevage en ajustant l’alimentation des bovins pour limiter les émissions de méthane ou en développant des techniques de méthanisation pour valoriser les effluents.
- Optimiser l’usage des engrais en ayant recours, par exemple, à l’agroécologie ou en développant la fertilisation organique et de précision.
- Décarboner les engins agricoles via l’électrification partielle de la machinerie, le recours au biogaz ou à l’hydrogène pour remplacer le diesel.
- Repenser les systèmes de production en diversifiant les cultures, réduisant le gaspillage alimentaire ou en valorisant des co-produits agricoles.
Décarbonation et souveraineté alimentaire
La décarbonation agricole soulève une question : comment réduire les émissions tout en maintenant la souveraineté alimentaire ? Limiter drastiquement l’élevage bovin, par exemple, pourrait réduire les GES mais fragiliser des filières entières et des territoires ruraux. Il est donc crucial de trouver un équilibre entre durabilité environnementale et viabilité économique des exploitations.
Les entreprises ont leur rôle à jouer dans la décarbonation agricole
Les acteurs privés et publics peuvent soutenir la transition agricole : développement de filières de biogaz, financements pour l’agriculture bas-carbone, accompagnement technique pour la réduction d’engrais, ou encore sensibilisation des consommateurs à des régimes alimentaires plus sobres en carbone.
La décarbonation dans les services
Souvent moins visible que l’industrie ou les transports, le secteur des services pèse pourtant lourd dans le bilan carbone français. En 2023, les services marchands représentaient environ un sixième des émissions nationales de GES.
Cette empreinte provient principalement de la consommation d’énergie (chauffage, climatisation, éclairage des bâtiments tertiaires), mais aussi d’activités en forte croissance comme le numérique.
La décarbonation du numérique : un enjeu grandissant
L’explosion des usages digitaux a fait émerger un nouveau champ de la décarbonation : les technologies de l’information et de la communication (TIC). Stocker des données dans des centres de données, échanger des emails, ou encore recourir à la visioconférence nécessite des infrastructures énergivores.
- Les data centers consomment d’énormes quantités d’électricité et d’eau pour refroidir les serveurs.
- Les terminaux (ordinateurs, smartphones, tablettes) génèrent une empreinte carbone importante dès leur fabrication, en raison de l’extraction des minerais et de la fabrication des composants électroniques.
Le numérique représente déjà 4 % des émissions mondiales de GES, un chiffre en hausse de 8 % par an si aucune mesure n’est prise
ADEME
Les moyens pour la décarbonation des services
La décarbonation des services passe par plusieurs actions concrètes :
- Décarboner les bâtiments tertiaires : rénovation énergétique, isolation, recours aux énergies renouvelables pour le chauffage et la climatisation.
- Optimiser les usages numériques : allonger la durée de vie des équipements, limiter les usages superflus (mails stockés inutilement, vidéos en très haute définition), recourir à des hébergements responsables.
- Repenser l’organisation du travail : déploiement du télétravail de manière raisonnée pour limiter les trajets, tout en évitant l’effet rebond sur la consommation numérique.
- Favoriser l’éco-conception des services : intégrer la sobriété énergétique et matérielle dans la conception des offres (banques, assurances, conseil, numérique responsable).
Découvrez en vidéo comment Consultis Environnement a contribué à la réalisation du bilan carbone des datacenters de son client 👇

Le rôle clé de l’accompagnement des entreprises
Pour les entreprises de services, la première étape consiste à mesurer leur empreinte carbone. Consultis Environnement accompagne ces acteurs grâce à des bilans carbone et des analyses de cycle de vie (ACV), qui permettent d’identifier les principaux postes d’émissions. Ces diagnostics ouvrent ensuite la voie à des plans d’action ciblés : réduction des consommations énergétiques, mise en place d’une stratégie numérique responsable, formation des collaborateurs aux écogestes, etc.