Le numérique est partout : dans nos poches, nos bureaux, nos échanges, nos loisirs… Mais derrière cette apparente immatérialité, une réalité bien physique et souvent méconnue : le numérique pollue.
L’approche Green IT propose justement des solutions concrètes pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, sans renoncer à l’innovation.
Qu’est-ce que le Green IT ?
Définition du Green IT
« Le numérique représente environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et pourrait atteindre 7% d’ici 2040 si rien n’est fait. »
Source : The Shift Project
Si l’on devait résumer le Green IT, ou « informatique verte », en une phrase, ce serait : utiliser le numérique de façon plus responsable pour limiter son empreinte écologique.
Mais allons plus loin. Le Green IT, dans sa définition la plus complète, désigne l’ensemble des pratiques, technologies et méthodes visant à réduire les impacts environnementaux du numérique, tout au long de son cycle de vie : de la fabrication des équipements à leur fin de vie, en passant par leur usage quotidien.
Le Green IT adopte ainsi une approche systémique qui prend en compte l’ensemble de la chaîne numérique.
Cette notion s’inscrit pleinement dans la démarche plus large du numérique responsable, qui regroupe trois grands axes :
- Réduire l’impact environnemental du numérique (Green IT),
- Améliorer son impact social et sociétal (accessibilité, inclusion numérique…),
- S’interroger sur les usages (sobriété numérique, dépendance aux écrans…).
⚠️ Attention !
Il est fréquent de voir les termes Green IT et IT for Green utilisés comme des synonymes… Pourtant, ils renvoient à deux approches bien différentes.
Le Green IT, comme nous venons de le voir, désigne le numérique au service de lui-même, dans une logique de réduction de son propre impact.
L’IT for Green, en revanche, fait référence à l’usage des technologies numériques pour aider d’autres secteurs à réduire leur impact.
Plus concrètement, les ambitions du Green IT se regroupent autour de trois piliers
- Valorisation et recyclage des équipements
- Réduction de la consommation énergétique
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES)
Nos experts en numérique responsable peuvent vous accompagner dans vos projets Green IT
Les différents périmètres du Green IT
Pour bien cerner ce qu’englobe le Green IT, il faut comprendre que la notion s’est structurée au fil du temps en plusieurs niveaux d’action.
C’est ce qu’on appelle communément les périmètres du Green IT, une classification qui distingue trois grandes approches : Green IT 1.0, Green IT 1.5, et Green IT 2.0.
Ces trois périmètres ne s’opposent pas. Au contraire, ils se complètent et peuvent coexister au sein d’une même entreprise.
Voici comment les distinguer :
Green IT 1.0 : réduire l’empreinte environnementale du numérique
Ce périmètre vise à réduire les impacts directs des outils numériques sur l’environnement. Cela concerne par exemple :
- La gestion des équipements informatiques (ordinateurs, téléphones, imprimantes…),
- L’optimisation de la consommation énergétique des serveurs ou des postes de travail,
- La réduction des déchets électroniques (e-déchets),
Les équipements informatiques représentent 47 % de l’empreinte carbone du numérique en France.
Source : ADEME
Green IT 1.5 : l’écoconception des services numériques
Le périmètre 1.5 est un pont entre la technique et le produit. Ici, l’enjeu est de concevoir des services numériques de manière écoresponsable.
L’éco-conception des services numériques signifie par exemple :
- Développer des interfaces sobres et efficaces
- Concevoir des applications qui consomment peu de ressources
- Minimiser les besoins en bande passante
Cette démarche implique des métiers variés : développeurs, designers UX, chefs de produit…
« L’écoconception numérique ne sacrifie pas la qualité ou l’innovation. Elle pousse au contraire à faire mieux avec moins, en revenant à l’essentiel. »
Source : Collectif Green IT
Green IT 2.0 : numérique responsable au service de la transformation globale
Enfin, le Green IT 2.0 franchit un cap : il ne s’agit plus seulement de réduire l’empreinte du numérique, mais de réinterroger son rôle dans le modèle économique global de l’entreprise.
Cela peut impliquer :
- Le choix de ne pas développer certains services s’ils ne sont pas utiles ou s’ils favorisent la surconsommation,
- L’intégration du numérique dans la politique RSE de l’entreprise,
- L’alignement du numérique avec des valeurs éthiques, sociales et environnementales.
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Les enjeux liés au Green IT
L’impact croissant du numérique sur l’environnement
Pour mieux comprendre l’intérêt de l’ensemble des pratiques que recouvre le Green IT, il est important de prendre la mesure des impacts environnementaux du numérique.
Le numérique mondial représente aujourd’hui environ 4 % des émissions de gaz à effet de serre — c’est autant que l’aviation civile.
Mais d’où vient cette pollution numérique ? Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas uniquement la consommation des data centers ou le streaming qui sont en cause. L’impact se répartit en trois grands postes :
- Les équipements numériques
- Les réseaux numériques
- Les data centers
1. Les équipements numériques en première ligne (47 % des impacts)
Ordinateurs, smartphones, tablettes, imprimantes… Tous ces terminaux nécessitent des ressources extraites, souvent dans des conditions sociales et environnementales discutables (métaux rares, eau, énergie fossile), puis transportées, assemblées, commercialisées.
Le processus de fabrication est le moment le plus polluant du cycle de vie d’un équipement numérique.
🙌 Exemple
Un ordinateur neuf émet en moyenne 350 kg de CO₂ lors de sa fabrication. Cela équivaut à un vol Paris–Nice.
2. Les réseaux : 28 % de l’impact
Câbles, box, antennes, fibre optique, satellites… le réseau nécessaire pour faire transiter les données est lui aussi énergivore. Sa consommation est amplifiée par :
- La vidéo en ligne (qui représente plus de 80 % du trafic web),
- La multiplication des objets connectés,
- L’usage permanent du cloud et des messageries instantanées.
Ces infrastructures sont alimentées 24h/24, avec des pics de consommation en cas de surcharge (visioconférences massives, streaming, transferts de fichiers lourds…).
3. Les data centers : 25 % restants
La pollution liée aux data centers est souvent bien identifiée par le grand public. Les centres de données sont effectivement très énergivores, notamment pour maintenir une température stable et éviter la surchauffe.
Cependant, les centres de données les plus récents tendent à devenir plus vertueux avec la mise en place de plusieurs actions :
- Optimisation du PUE (Power Usage Effectiveness).
- Recyclage de la chaleur dégagée.
- Intégration dans des circuits énergétiques locaux.
Mais leur multiplication pose toujours problème : chaque vidéo envoyée sur une messagerie, chaque backup, chaque requête Google… tout cela sollicite des serveurs, parfois à l’autre bout du monde.
Pour vous permettre d’encore mieux cerner l’impact du numérique sur l’environnement, voici quelques équivalences :
| Action numérique | Emissions moyennes | Action quotidienne équivalente | |
| Regarder une heure de vidéo streaming en HD | 222g CO2 | Un trajet de 1km en voiture | |
| Envoyer 20 emails avec pièce jointe de 1mo par jour pendant un an | 180kg CO2 | 1000 km parcourus en voiture dans l’année | |
| Une heure de visioconférence | 226g CO2 | 9km en trottinette électrique | |
Ces chiffres peuvent donner le tournis, mais ils sont aussi un appel à l’action. Le Green IT, dans sa définition la plus concrète, vise justement à inverser cette tendance.
Le Green IT s’intègre aux objectifs de sobriété numérique
« La sobriété numérique n’est pas un retour à la bougie, mais une invitation à reprendre la main sur nos outils pour en faire des alliés, pas des fardeaux écologiques. »
Source : Institut du numérique responsable – INR
La sobriété numérique : voilà un terme qui prend de plus en plus de place dans le débat public et stratégique. Il ne s’agit pas seulement de « moins consommer », mais de repenser notre rapport au numérique dans son ensemble. Et dans cette optique, le Green IT est un levier essentiel.
La sobriété numérique repose sur trois grands principes :
- Limiter les usages superflus,
- Allonger la durée de vie des équipements,
- Optimiser l’usage des ressources numériques (logiciels, cloud, vidéos, etc.).
Le Green IT est la mise en œuvre concrète de la sobriété numérique dans les systèmes d’information, les services et les infrastructures techniques.
Là où la sobriété numérique porte une vision globale et philosophique, le Green IT fournit des solutions opérationnelles.
Découvrez comment mettre en place des bonnes pratiques Green IT au sein de votre entreprise
Les bonnes pratiques du Green IT
2 exemples concrets de solutions techniques du Green IT
Voici deux cas concrets et emblématiques de l’application du Green IT sur le terrain : l’optimisation des data centers et l’éco-conception des logiciels et des sites web.
1. Optimisation du fonctionnement des data centers
❓ Le saviez-vous ?
Une page web optimisée peut être 10 fois moins lourde qu’une page standard, tout en offrant la même valeur utilisateur
Les data centers hébergent l’ensemble des services numériques que nous utilisons chaque jour, des messageries aux bases de données, en passant par les plateformes de streaming et les sites web.
Mais ces centres consomment d’énormes quantités d’électricité, notamment pour refroidir leurs équipements. C’est là qu’intervient le Green IT sur 3 enjeux principaux :
1- Améliorer le PUE (Power Usage Effectiveness) des data centers
Le PUE est un indicateur clé pour mesurer l’efficacité énergétique d’un data center. Il se calcule en divisant la consommation totale d’énergie (équipements + climatisation + éclairage…) par la consommation énergétique des seuls équipements informatiques.
🙌 Remarque
Un PUE idéal est proche de 1, mais la moyenne mondiale se situe encore autour de 1,5 à 1,8.
Les entreprises peuvent :
- Choisir des hébergeurs avec un PUE bas,
- Mutualiser les ressources (virtualisation),
- Utiliser des logiciels de monitoring pour identifier les pertes d’énergie.
2- Les enjeux liés au système de refroidissement
Le refroidissement représente jusqu’à 40 % de la consommation d’un data center. Plusieurs innovations permettent aujourd’hui de le rendre plus vertueux :
- Utilisation de l’air extérieur plutôt que de systèmes de climatisation,
- Récupération de chaleur pour alimenter d’autres bâtiments (réseaux de chaleur),
- Immersion des serveurs dans des liquides spéciaux pour mieux dissiper la chaleur.
3- Les enjeux liés aux performances des serveurs
Les serveurs eux-mêmes peuvent être optimisés :
- Meilleur dimensionnement : éviter le suréquipement,
- Mutualisation des ressources entre plusieurs services ou clients,
- Mise en veille automatique des serveurs non sollicités.
Nos équipes peuvent vous accompagner pour optimiser la consommation de vos data centers
2. Éco-conception des logiciels et des sites web
Deuxième grand terrain d’application du Green IT : l’éco-conception numérique. Ici, il ne s’agit plus d’infrastructures, mais de conception logicielle. L’éco-conception recouvre :
- Le green coding
- L’optimisation des performances
- Le design produit
1- Le Green Coding
Le green coding consiste à écrire du code de manière à minimiser la consommation de ressources (processeur, mémoire, bande passante…).
❓ Le saviez-vous ?
Un PUE idéal est proche de 1, mais la moyenne mondiale se situe encore autour de 1,5 à 1,8.
2- L’optimisation des performances
Il s’agit ici de rendre les interfaces plus rapides et moins gourmandes :
- Réduction du nombre de requêtes HTTP,
- Compression des images et des fichiers,
- Mise en cache intelligente.
L’objectif est double : réduire le poids des pages et améliorer l’expérience utilisateur, en particulier sur les appareils peu puissants ou les connexions lentes.
3- Le design produit
Le design écoresponsable, c’est concevoir des interfaces :
- Simples (éviter les animations inutiles),
- Accessibles (penser à tous les publics),
- Durables (compatibles avec des terminaux anciens ou peu performants).
Un bon design ne se contente pas d’être joli : il accompagne l’utilisateur sans le surstimuler, et il respecte les limites techniques de son équipement.
Découvrez notre accompagnement en éco-conception des services numériques
Les bonnes pratiques Green IT en entreprise
Si vous êtes en entreprise et que vous vous demandez par où commencer pour intégrer le Green IT, bonne nouvelle : les leviers sont nombreux, concrets, et peuvent être rapides à mettre en œuvre. En plus, mettre en place des bonnes pratiques Green IT peut présenter de nombreux avantages.
Les avantages du Green IT en entreprise
En tant qu’entreprise, vous avez beaucoup à y gagner à mettre en place des bonnes pratiques Green IT. En effet, cela peut vous permettre de :
- Faire des économies de coût et d’énergie
- Améliorer les performances matérielles
- Promouvoir la notoriété de votre marque
- Fidéliser ses clients
- Développer sa culture
Quelques exemples de bonnes pratiques Green IT en entreprise
Voici une liste non exhaustive des bonnes pratiques qu’il est possible de mettre en œuvre au sein d’une entreprise :
- Prolonger la durée de vie des équipements informatiques
- Diminuer les émissions liées aux serveurs
- Éco-concevoir son site web
- Sensibiliser et former au numérique responsable
❓ Le saviez-vous ?
Doubler la durée de vie d’un ordinateur permet de diviser par deux son impact environnemental global.
Le Green IT n’est pas une contrainte pour les entreprises : c’est une opportunité d’agir intelligemment, durablement et collectivement. C’est un engagement qui se voit, qui se mesure, et qui porte ses fruits à tous les niveaux.